lors que l’opinion publique s’émeut des plans successifs de licenciement de l’industrie (automobile avec les 254 emplois de Michelin et agroalimentaire avec les 2 389 salariés d’Auchan), l’impact de la crise viticole sur les 440 000 emplois directs et indirects de la filière passe sous les radars. La faute à la multitude d’entreprises constituant le secteur (domaines viticoles, caves coopératives, négoces, courtiers… mais aussi transporteurs, fournisseurs de bouteilles, bouchon, tonneaux…) et à une approche de la crise viticole centrée logiquement sur la production et non sur l’écosystème de l’ensemble de l’exploitation souligne Thomas Puig, représentant des salariés de la filière viticole au conseil spécialisé vin de FranceAgriMer.
Syndiqué au sein de la section agricole de la CFTC, le responsable amont de la cave coopérative de Saint-Pargoire (Hérault) rapporte « une grosse tension » pour les salariés alors que « le marché est compliqué, on ne sait pas où l’on va ». Face à la baisse de potentiel viticole et à la déconsommation, « il y a surtout des inquiétudes pour savoir de quoi va être fait demain. Des personnes travaillant sur les chaînes de mise en bouteille se rendent compte de cadences qui ralentissent, passant de 5j/7 à 2j/7. Les salariés se posent des questions. S’il y a moins de vin, il y a moins de personnel » relève le représentant de la Fédération Européenne des Syndicats de l’Alimentation (EFFAT). Qui appelle à la prise en compte des salariés dans la gestion de la crise viticole.


« La crise agricole est en train de revenir, les manifestations repartent. En premier plan les Français pensent aux agriculteurs et c’est tout à fait normal, mais on ne pense pas aux salariés et tout ce qui tourne autour des exploitations » prévient Thomas Puig, soulignant l’ampleur de la crise potentielle : « quand on met bout à bout tous les emplois concernés, l’impact social pourrait être colossal, plus important qu’on ne le croit ». Allant des fournisseurs au tissu local : « quand une cave coopérative licencie, il y a des départs de villages qui peuvent aboutir à des fermetures d’écoles, de commerces… »
Malgré les difficultés et incertitudes, « est-ce que le vin est un métier d’avenir ? Oui, comme l’agriculture. Nos métiers se modernisent. Nous sommes une filière d’avenir : il faut trouver le bon positionnement et attirer de nouvelles générations, de nouvelles visions, de nouvelles technologies… » pointe le syndicaliste, concluant : « la crise viticole est là, il faut trouver des solutions globales sur l’ensemble des exploitations ».