e 19 novembre, dans un contexte économique dégradé, les membres du cluster des fournisseurs vitivinicoles d’Occitanie Vinseo présentent à 140 personnes les résultats de 17 réunions organisées entre mars 2022 et mars 2024 pour explorer les tendances lourdes et les signaux faibles dans la filière vitivinicole.
Ces travaux de prospective pilotés par Françoise Brugière, cheffe du service prospective de FranceAgriMer, et Hervé Hannin, directeur du développement pôle vigne et vin Institut Agro Montpellier, leur ont permis de bâtir quatre scénarios à horizon 2045.
Dans le premier scénario baptisé "Les traditions évoluent", le monde du vin a profondément changé. Le numérique a révolutionné la filière. Les vignobles utilisent des outils connectés pour optimiser leurs pratiques, réduire leur empreinte carbone et protéger la biodiversité. L’Union Européenne subventionne la viticulture bio, les consommateurs privilégient des vins respectueux de l’environnement. Le changement climatique rend les rendements incertains et les vignerons se diversifient en se lançant dans l’œnotourisme, la production de vins no-low, et d’autres cultures.
« Face à ce scénario, les membres de Vinseo ont pris le parti d’adopter une attitude de proactivité positive et d’agir dès aujourd’hui pour en maximiser les opportunités positives », explique Cyril Crassous, responsable d’agence Brunet Ertia & vice-président du cluster. « Chez Vivelys, nous avons par exemple lancé un extrait naturel de chêne dédié au marché du vin aromatisé et désalcoolisé et adapté nos équipements de micro-oxygénation à la bière », témoigne Karine Herrewyn. Pour innover plus vite, l’entreprise a décidé de s’adosser sur des partenaires qui ont dans leur gamme des produits complémentaires à ses solutions.
Intervenant suite à la présentation du scénario 2, où "seuls les plus durables gagnent", Jean-Paul Palancade raconte comment Agrosud a travaillé depuis 20 ans avec l’Institut Agro de Montpellier et ses fournisseurs pour qu’aujourd’hui 75 % de ses ventes concernent des produits utilisables en bio. Dans le scénario 3, "tant bien que mal", Gwenaël Thomas, dirigeant du laboratoire Natoli&Associés, et président de Vinseo, dit percevoir malgré la crise une grande capacité d’adaptation des domaines viticoles. « Chez Natoli, nous aidons les vignerons à intégrer les innovations en veillant à ne pas créer de dépendance technique », explique-t-il, prenant l’exemple d’un partenariat avec Novonesis (ex CHR Hansen) pour proposer « dans les cas où cela est justifié » l’utilisation de levures non-Saccharomyces capables d’acidifier naturellement les vins pour s’adapter aux évolutions climatiques.
En réponse au dernier scénario "la tradition ralentit la durabilité", Jacques Beauclair, fondateur d’Embouteillage Services et propriétaire du château de Malmont présente son nouveau centre de conditionnement d’effervescents ou de sans alcool et raconte comment ses vins de Villeneuvette ont trouvé une clientèle avant même d’être vinifiés grâce à l’accueil de séminaires, de mariages ou de baptêmes.