Le Mas Coutelou, 15,5 ha de vignes, à Puimisson dans l’Hérault, reçoit le prix de l’innovation à la vigne et au chai, pour son engagement en faveur de la biodiversité qui l’a amené à planter des arbres et des arbustes autour de ses vignes et à réhabiliter une mare au printemps 2022. Plus original encore, son totem de la biodiversité. Imaginez une vieille poutre de bois de 3,5 m de haut, dédiée aux rapaces, aux abeilles, aux lézard, aux chauve-souris… Le haut du totem sert de perchoir aux rapaces. En-dessous, les chauves-souris trouvent trois abris différents convenant à autant d’espèces. Un peu plus bas, des trous de 8 et 6 mm de diamètre procurent des gîtes aux abeilles et aux insectes pollinisateurs. Au sol, les pierres plaquées contre le totem offrent des anfractuosités pour accueillir lézards et serpents. Installé il y a trois ans, le totem fait le plein d’habitants. Jean-François Coutelou à la tête du domaine est un apôtre de la biodiversité. En tout, il a planté 2500 arbres. « Il faut aider la nature, la faune et la flore à s’épanouir » répète-t-il. Sa propriété est en bio depuis 1987. A l’époque son père passait pour un ovni.
Le prix de l’innovation commerciale revient à la coopérative Jaillance à Die dans la Drôme. C’est au printemps 2023 que l’idée a germé : proposer une alternative à la bière, en créant « Bulles de Break » un pétillant qui ressemble à la Clairette de Die, avec les mêmes cépages (muscat et clairette), les mêmes raisins livrés par les coopérateurs, la même vinification et les mêmes arômes fruités et petit degré d’alcool. Sauf qu’il n’est pas conditionné en bouteilles mais dans des futs de 20 l pour être servi à la pression, dans les bars et les cafés et lors d’évènements. A ce titre, il ne peut pas bénéficier de l’AOC. Guillaume de Laforcade, directeur général, qui a travaillé dix ans chez un brasseur, sait l’impact de la bière en pression auprès des jeunes. « Nous avons testé ce pétillant à l’été 2023 dans des évènements locaux. Nous avons eu un très bon retour pour ce produit nomade. Son gout fruité plait » indique-t-il. La coopérative a investi dans un dispositif de remplissage des futs. Quelques milliers d’euros et du temps passé. Cette année, elle a vendu 300 fûts dans la vallée du Rhône et à Paris. Des discussions sont en cours avec des distributeurs du Nord et de l’Ouest de la France.
Le château Haut Bessac à Saint-Germain-du-Puch, en Gironde, décroche le prix de l’innovation packaging et marketing pour sa gamme de vins neutre en carbone. En 2023, ce château de 60 ha de vignes dans l’appellation Graves de Vayres évalue son empreinte carbone. Pour la réduire, il opte pour une bouteille de 450 g, contre 580 g le modèle d’avant, produite à Vayres, à 5 km de son siège. Il adopte des bouchons en lièges et une capsule en plastique biosourcé. Il habille ces bouteilles d’étiquettes écoconçues et imprimées à Libourne et fabriquées, pour celles dédiées aux blancs et aux rosés, avec 95 % de fibres de canne à sucre et 5 % de fibres de chanvre et de lin. Tout est emballé dans cartons certifiés FSC fabriqués en France. Haut Bessac participe également au financement de projets régionaux de reforestation. Toutes ces initiatives permettent à ce château de bénéficier du label C02 compensé de Climate Partner pour un tiers des 450 000 cols qu’il produit.
Le prix de l’innovation collective est décernée aux Jeunes Agriculteurs de Charentes et Charente-Maritime pour avoir mis au point Neoviti, un jeu de société qui fait découvrir les métiers de la viticulture aux élèves de 4ème et 3ème. « Nous avons des difficultés à recruter de la main d’œuvre. D’où l’idée d’un pédagogique et ludique imaginé par un de nos viticulteurs, pour attirer les jeunes dans nos métiers », indique Antoine Paye, animateur syndical aux JA. Lancé en 2022, Neoviti qui a bénéficié du soutien financier d’Hennessy, est présenté dans une dizaine de collèges par an par les animateurs des JA. Les joueurs choisissent un profil parmi les trois suivants : Aventuriers pour ceux qui ont besoin d’être en extérieur, Techs pour les passionnés de technos ou Locaux pour ceux qui n’envisageant pas leur vie ailleurs que dans leur région. Leur point commun : ils n’ont aucune idée du métier qu’ils feront plus tard. Une session dure 1H30. Pour commencer, une vidéo présente le cycle de la vigne avec des témoignages de jeunes en apprentissage. Puis place au jeu : les Aventuriers résolvent des énigmes quand les Techs découvrent des équipements vitivinicoles. Quant aux locaux, ils sont répartis entre viticulteurs et apprentis. Les premiers disposent de fiches pour poser des questions aux seconds. « Les élèves repartent enthousiastes et avec une vraie vision du secteur », assure Antoine Paye. Une version courte du jeu est en préparation pour être présentée dans les forums des métiers.
Mickael Raynal : un passionné de la diversité des cépages
Le lauréat du prix du public Mickael Raynal à la tête du domaine de Revel à Vaïssac dans le Tarn-et-Garonne où il travaille avec une multitude de cépages. « Je suis passionné par l’histoire des cépages, leur adaptation au climat et j’aime créer des cuvées qui s’accordent aux différents modes de consommation. J’ai 17 cuvées différentes sur la propriété » confie ce vigneron sur 14 ha en bio, en appellation Coteaux du Quercy et en IGP Comté Tolosan. Dès son installation en 2010, il plante et expérimente des cépages résistants, oubliés ou rares. Il teste des modes de conduite adaptées adaptés au changement climatique comme le palissage plus haut pour lutter contre le gel. Il se lance dans la taille mécanique. Il est le premier vigneron français en 2019 à commercialiser un vin blanc sec de cépage résistant sous IGP, un 100 % souvignier gris. L’année suivante, il lance la première gamme issue de cépages résistants dans les quatre couleurs (blanc doux, blanc sec, rosé et rouge). Il cultive 34 cépages dont 11 résistants. De plus en plus sollicité par des confrères, Mickael Raynal va se lancer dans le consulting pour aider ceux qui le souhaitent à se lancer dans les cépages résistants.