xpérimentation validée : le comité national des appellations d'origine viticoles autorise ce 11 septembre l'essai de désalcoolisation des vins AOC Luberon et Ventoux par méthode d'évaporation partielle de l'alcool du moût en fermentation alcoolique. Soit de la flash-détente sur un vin aux alentours de 9°alc. Un communiqué précise que « cette méthode n'étant pas autorisée par la règlementation européenne ni reconnue par l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), il convient qu'elle soit l'objet d'une expérimentation suivie par l'INAO » (Institut National de l'Origine et de la Qualité).
Développée par le constructeur Pera-Pellenc, cette technique donne déjà de premiers résultats intéressants rapporte Joël Bouscarle, le président de l'AOC Luberon : « on s'inscrit dans la poursuite d'acquisition de références pour voir si la méthode est valable, s'il faut l'adapter et si l'on peut l'autoriser. L'idée est de tester de nouvelles méthodes, moins intrusives, sur des vins encore en fermentation. On travaille à partir de 9°.alc pour moins perturber les aromatiques. Face à la problématique des degrés alcooliques, l'esprit est d'avoir dans l'AOC toutes les armes possibles pour s'adapter. La correction du degré potentiel en est un. » Car l'expérimentation s'inscrit moins dans la désalcoolisation pour arriver à de faibles Titres Alcoométriques Volumiques (TAV), que dans le cadre de réduction autorisée des degrés en AOC (limité à 20 %).


« On vise des vins à 13,5°.alc quand on est à 15° sur du grenache » indique Joël Bouscarle, ajoutant que s'« il y aura des essais sur des vins plus frais », dans tous les cas « on reste sur des vins connus » pour répondre à la surproduction de sucre liée au changement climatique sans sacrifier les maturité phénoliques. Dans le Luberon, d'autres leviers sont à l'étude, du travail des couverts végétaux à l'hydrologie régénérative, en passant par de nouveaux cépages blancs et rouges venus de Grèce, d'Espagne, ou de Corse, ainsi que le retour d'un cépage tardif sorti du cahier des charges en 2009 : la counoise. De quoi étoffer la boîte à outils du vignoble d'appellation face à la nouvelle donne climatique.
Mettant dans la balance la demande de moindres degrés alcooliques et l'atteinte au concept même d'AOC, Christian Paly, le président du comité national des appellations d'origine viticoles de l'INAO, pointe que les vins d'appellation doivent expérimenter, y compris la désalcoolisation partielle : « dans toute notre stratégie, nous devons innover pour rester. Les appellations d'origine sont non-transposables, si on ne se met pas en position d'innovation, on sera décrochés dans les temps à venir. On ne renie pas le concept d'appellation d'origine, on expérimente. » Des expérimentations à la fois techniques et marketing, une étude étant lancée par FranceAgriMer pour déterminer l'acceptabilité par les consommateurs de la désalcoolisation des vins d'appellation.