omme le Règlement bio 2018/848 ne liste aucun procédé permettant de réduire le degré d’alcool, les vins désalcoolisés européens ne peuvent toujours pas être certifiés bio. L’Allemagne est le premier Etat membre à s’être mobilisé pour que cela change. L’an passé, il a demandé à la Commission d’évaluer l’évaporation sous vide..
Le groupe d’experts techniques indépendants chargés de formuler des avis dans le domaine de la production bio (EGTOP) ayant donné son feu vert, à condition que le vin ne soit pas chauffé à plus de 75°C et qu’il ne soit pas filtré avec des pores inférieures à 0,2 micromètre, la Commission a fait une proposition d’acte délégué *, mise en consultation le 23 août.
La consultation est ouverte jusqu’au 24 septembre. Le Parlement et le Conseil européen auront ensuite 2 mois pour formuler des objections. S’ils n'en ont pas, l’acte délégué entrera en vigueur. « Mais si les députés européens ou des Etats membres ne sont pas d’accord, il faudra alors rentrer dans un processus de trilogue et de négociations », analyse Stéphane Becquet, directeur technique et scientifique du syndicat des vignerons bio d'Aquitaine.
Pas de désalcoolisation partielle
Stéphane Becquet rappelle aussi que cette proposition d’acte délégué ne concerne que la désalcoolisation totale. « La désalcoolisation partielle n'est pas à l’ordre du jour du vin bio, sachant qu’un gros travail doit déjà être fait par les conventionnels sur ce sujet notamment pour les IGP et AOC », prévient-t-il.
Le comité des vins IGP de l'Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) a bien demandé à ce que la désalcoolisation partielle soit autorisée en certification biologique, pour qu’un vin IGP désalcoolisé puisse conserver son label AB, mais le dossier n’a pas encore été ouvert. « Les expert EGTOP ont déjà précisé que ce dossier serait bien plus complexe à étudier et qu’il n’était pas prioritaire », termine Stéphane Becquet.
*Dans sa proposition d’acte délégué, la Commission ajoute aussi la distillation au point 3.3 de la partie VI de l'annexe II du Règlement 2018/84. Cet ajout vient d’une incompréhension de l’Allemagne, qui nomme « évaporation sous vide » (terme juridique reconnue par l‘OIV), la « distillation sous vide ». Le terme « distillation » n’ayant pas d’existence juridique, la France a réagi et a adressé une NAF (note des autorités françaises) rejetant l’introduction de la distillation (point c) de l’annexe du RUE 1308/2013 mais introduisant l’équivalence entre « évaporation sous vide » (point a) de la même annexe) et « distillation sous vide ».