as question de s’endormir sur ses lauriers. Face aux enjeux de changement climatique, de préservation des paysages viticoles, de transmission... l’appellation Luberon a engagé une série de chantiers et s’apprête à en mettre en place de nouveaux. « Notre vignoble va au-delà de la carte postale, dépeint Joël Bouscarle, président du syndicat des vignerons de l’ODG. Comptant 3 400 hectares, il se trouve à l’intérieur d’un parc naturel régional de 185 000 hectares. Depuis trois ans, notre collectif travaille sur la protection de ce territoire. » Première appellation membre Vignerons Engagés, depuis octobre 2023, elle s’est inspirée des méthodes de cette association pour embarquer tous les acteurs du territoire dans ce travail.
« Il nous faut jouer collectif », assure Joël Bouscarle. Les différentes opérations mises en œuvre ont donc la particularité de fédérer les acteurs du vignoble. Mais pas que… Prenons le cas du projet Green Vinum, lancé en 2019. Il associe les vignerons du cru avec des compatriotes grecs. Désireux d’étudier les variétés supportant les températures élevées, des producteurs du Luberon se sont rendus dans les régions de Thessalonique et du Mont Olympe en Grèce pour étudier le cépage Assyrtiko. Leurs collègues grecs ont ensuite été accueillis dans le Luberon. « Ce voyage a confirmé notre souhait de faire évoluer notre cahier des charges et de faire émerger ce cépage grec, indique Joël Bouscarle. Ce programme a en outre débouché sur l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques s’adressant aux deux parties. Il comporte des mesures à mettre en place en matière de durabilité, d’adaptation au changement climatique et d’efficacité énergétique. Cette expérience pourrait s’étendre à d’autres pays, l’Espagne, l’Italie et le Portugal.


En local, les vignerons de l’appellation ont adopté en 2022 une charte paysagère et environnementale en partenariat avec le parc naturel régional. Elle consiste à mieux appréhender la faune, la flore, les paysages présents sur l’aire d’appellation afin de préserver tout ce petit monde. « Nous avons de nombreux autres projets », souligne Nathalie Archaimbault, directrice du syndicat, qui rappelle que 23 % de l’AOC Luberon est certifiée bio et 71 % labellisée Haute Valeur Environnementale (HVE). Parmi eux, la création d’une bibliothèque sonore qui va donner la parole aux vignerons les plus avertis et les plus anciens pour prodiguer leurs conseils, leurs trucs et astuces. Sous la forme de podcasts, ces témoignages intègreront des échanges avec la jeune génération. « Il s’agit d’encourager la transmission et la création de lien », précise Joël Bouscarle.
Au rang des autres bonnes idées à venir, la mise en place d’un chantier citoyen de rénovation de restanques et de fiches pratiques pour améliorer les abords des caves. Une journée dédiée à l’eau ainsi que des formations sur le foncier sont aussi au programme. Car cette jeune appellation de la vallée du Rhône, qui produit 130 000 hl par an, se trouve dans un secteur à forte pression foncière.