e millésime se termine mieux qu’il n’a commencé dans le Luberon. « A partir du 19 avril, quatre nuits de gelées ont fait jusqu’à 80 % de dégâts dans la vallée du Calavon et dans le sud du vignoble, vers la Tour d’Aigues », retrace Yves Texier, conseiller viticole pour la Chambre d’Agriculture du Vaucluse. « Sur nos 1 000 hectares, nous avons perdu 30 % de la récolte », estime Geneviève Robert, directrice et vinificatrice de la cave de Sylla, à Apt.
Les viticulteurs ont eu plus de chance par la suite. « Le mildiou n’a pas été aussi virulent que dans la Vallée du Rhône méridionale », indique Yves Texier. Il devrait avoir peu de conséquences sur la vendange. La pression a surtout été élevée dans les parcelles où les premiers traitements ont été retardés par le gel. « Elle est un peu plus importante dans le nord du vignoble, notamment les grenaches vigoureux, pour lesquels je recommande de continuer à passer du cuivre, mais si je vois beaucoup moins de taches depuis les écimages ».
« Notre service technique a bien sensibilisé les viticulteurs pour qu’ils démarrent très tôt leur protection sur les parcelles sensibles, salue Geneviève Robert. Le mildiou n’a pris que quelques feuilles, je n’ai vu qu’un grain d’oïdium, et pas de vers de la grappe ».
La véraison démarre sur syrah et viognier dans un vignoble sain. « Il est tombé 30 mm le 21 juillet, et, malgré le retour de la chaleur, beaucoup de vignes sont encore poussantes » continue la directrice. Malgré les pertes liées au gel, le potentiel de récolte est dans la moyenne des dernières années. Geneviève Robert prévoit les premiers coups de sécateur autour du 26 août, 10 jours plus tard qu’en 2023. « D’ici là, nous avons la possibilité d’irriguer pour éviter les blocages de maturité liés à la chaleur, et nous vinifierons les raisins des deuxièmes grappes dans les parcelles gelées en rosé pour ne pas pénaliser la qualité des rouges » anticipe-t-elle.
L’érigéron a donné plus de travail que le mildiou aux vignerons. « Depuis plusieurs années c’est une vraie plaie, lance Geneviève Robert. Il m’est arrivé de vinifier une cuve qui en contenait, ça a été infect, avec des notes très végétales. J’ai dû décuver au bout de trois jours ! » se souvient-elle.
Depuis cette mauvaise expérience, la coopérative de Sylla refuse tous les lots contenant la mauvaise herbe. « Généralement les viticulteurs parviennent à s’en débarrasser avec des interceps mais quand ils n’interviennent pas au bon moment et sont obligés d’employer de la main d’œuvre cela leur coûte très cher » regrette la directrice, également agacée par les dégâts de sangliers.