’entreprise de travaux publics Robineau fait tourner deux grosses pelleteuses dans le vignoble de Sancerre ce lundi pour remettre les chemins en état et permettre aux vignerons de retourner dans leurs parcelles. « Samedi soir, nous avons encore tous pris entre 40 et 90 mm de pluie en 20 minutes. C’est la deuxième fois en 10 jours. Nous avions tout remis en état la semaine dernière mais comme les sols n’étaient pas encore tassés, il faut recommencer » enrage Guillaume Laporte, vigneron à Chavignol, et président de la fédération des Vignerons Indépendants du Centre Val de Loire.
En plus du ravinage, certaines parcelles ont subi d’importants dégâts de grêle. « Les coteaux du sud de l’appellation sont touchés entre 20 et 50% » estime Clément Berthier, vigneron à Sainte-Gemme en Sancerrois, et nouveau président de l’Union viticole sancerroise. Les communes de Verdigny, Chavignol, Bué, Amigny, et Crézancy sont concernées. « A l’échelle du vignoble, les pertes ne vont pas être significatives mais c’est un aléa supplémentaire dont on se serait bien passés ».
« Il n’y a plus de mots pour décrire ce millésime. C’est la catastrophe, regrette François Dal, conseiller viticole pour la Sicavac. On arrive sur des cumuls de pluie insensés. De mémoire d’homme, c’est de loin l’année la plus compliquée à Sancerre ».
Dans ces conditions, le mildiou a continué sa percée. « Il a aussi pris le sauvignon après trois jours de cumuls atteignant 100 mm au moment de la floraison » explique le conseiller, faisant également état de coulure.


« La situation sanitaire était déjà catastrophique chez les bios et commençait à décrocher chez les conventionnels, décrit Guillaume Laporte. Avec la grêle ce samedi, nous cumulons vraiment les galères, et nous ne sommes pas au bout de nos peines, les vendanges ne sont prévues que dans deux mois » continue le vigneron.
Les sancerrois devraient enfin connaître une semaine de beau temps, mais de nouveaux orages sont annoncés pour le weekend. « On passe de lune en lune en se disant cette fois c’est la bonne mais certains confrères ne sont pas descendus de leur tracteur depuis deux mois ! Ce nouvel épisode orageux est très difficile à digérer mais nous allons repartir… »
Les vignerons n’ont pas le choix. Ils ne doivent pas baisser les bras pour « emmener le peu de raisins qu’il reste sur certaines parcelles au bout, et protéger les bois pour l’année prochaine en espérant ne plus revivre un tel millésime » termine François Dal.
Photos: Guillaume Laporte