Cette année, il a fallu intervenir très tôt et très fort, pour ensuite réduire la voilure, résume Christophe Didier, conseiller viticole à l’union de coopératives TEVC. Avec une pluviométrie en année glissante comprise entre 1 000 et 1 300 mm contre 750 mm une année "normale", toutes les conditions étaient réunies pour qu’il y ait du mildiou dans les vignes. Nous avons eu une grosse attaque fin avril, dans quelques secteurs précoces, suite aux pluies du 8 et 9 avril ».
En début de campagne, les vignerons redoutaient de revivre le scénario de la récolte 2021. Même si certaines zones sont très touchées, le rendement devrait être supérieur à celui de 2021. Les vignerons ont souvent eu des fenêtres pour intervenir et ils se sont davantage équipés en chenillard pour passer après les grosses pluies.
Le Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV) estime que le potentiel de récolte oscille, à ce jour, entre 9 000 et 11 000 kg/ha. Le rendement autorisé sera connu ce vendredi 19 juillet.


Dans son bulletin d’avertissements viticoles du 16 juillet, le Comité Champagne précise « que la pression mildiou est exceptionnellement forte à l’échelle du vignoble. Sur le réseau mutualisé, au 12 juillet, un peu plus de 80 % des 286 parcelles présentent des symptômes sur grappes. Près de la moitié de ces parcelles ont une fréquence d’attaque sur grappes de 10 % ou plus ». Le Comité Champagne a relevé des cumuls d’eau rarement enregistrés depuis le 10 juin. De nombreux secteurs cumulent 120 à 180 mm.
Dans la Côte des Bars, dans l’Aube, le cumul atteint par endroits plus de 240 mm. Jean-Paul Richardot, viticulteur à Lôches sur Ource dans l’Aube confirme que l’année est très compliquée. « Nous avons eu le gel puis de la coulure, avec une sortie de raisin pas exceptionnelle, décrit-il. Fin juin début juillet, il y a eu de gros orages et même un peu de grêle. Nous estimons avoir perdu 40 % à 50 % de la récolte sur les parcelles les plus touchées par le mildiou. Depuis début avril, nous avons eu 450 mm de pluie, soit trois fois plus d’eau qu’une année moyenne ». D’autres villages de l’Aube sont encore plus touchés. « Des vignerons prévoient une récolte à 4 000 kg/ha, dans les villages d’Urville, de Balnot ou encore des Riceys », complète Christophe Didier.


Quelques régions sont pour l’instant moins impactées grâce à une pluviométrie plus favorable. C’est le cas de la Montagne de Reims, de la Vallée de l’Ardre et de la Vallée de la Marne. « Cela reste tendu, témoigne David Faivre, vigneron à Belval sous Chatillon (Marne). On a du mildiou mais il semble globalement maitrisé. Je reste très prudent car la fleur a été chaotique, et comme on va vendanger fin septembre, il peut se passer encore beaucoup de choses ! ».
La pression est pour l’instant faible pour l’oïdium. En revanche, il y a eu davantage de chlorose que les années précédentes, notamment dans les sols argileux et argilo-limoneux.
Le Comité Champagne précise que le développement phénologique conserve un retard de cinq à six jours sur la moyenne décennale. Ce qui laisse entrevoir des vendanges qui devraient débuter, pour la majorité des vignerons, vers la mi-septembre.
Un aperçu des dégâts visibles ce mois de juillet sur certains secteurs de Champagne.