Est-ce lié à la pluviométrie, aux contraintes économiques suite au gel ou à l’abandon trop rapide des herbicides par des vignerons encore peu aguerris à des itinéraires techniques et matériels nouveaux pour eux, ou ne disposant pas des ressources humaines nécessaires pour les mettre en œuvre ? » se demandent les consultants du l’Institut Coopératif du Vin (ICV).
Quelles qu’en soient les causes, ils ont remarqué un développement flagrant d’érigéron et autres mauvaises herbes sur ce millésime.
Pour en évaluer l’impact, le groupe ICV a lancé deux essais à la cave expérimentale.
50 kg de grenache ont d’abord été prélevés sur une vingtaine de pieds d’une parcelle fortement contaminée en érigerons.
Pour reconstituer le battage d’une machine à vendanger faisant tomber les fleurs, graines et feuilles desséchées « tous les érigerons présents sur le rang de la placette vendangée ont été ensuite ramassés et à la cave expérimentale, avant d’être introduits dans l’érafloir-fouloir avec les raisins » détaillent les consultants.
Le raisin foulé a ensuite subi une macération à froid d’une nuit, avant d’être pressé, débourbé le lendemain et vinifié en rosé. « La plupart des déchets verts ont été éliminés au pressurage » précise l’ICV.
Les consultants ont repris le même protocole pour réaliser un essai sans érigérons, mais avec un mélange de diverses adventices : saladelles, chénopodes, ou amaranthes. Ils ont conservé une modalité témoin dans les deux cas.


A la dégustation, les vins qui ont été en contact avec les adventices présentent aujourd’hui des notes végétales plus intenses, surtout au nez, mais également présentes en bouche, « qui au minimum donnent les sensations qu'on aurait sur des raisins nettement moins mûrs que ceux du témoin ».
« Au stade où nous les avons goûtés cette semaine, les vins en cours de fermentation alcoolique (FA) ou en attente de fermentation malolactique (FML) semblent plus impactés par le mélange d'adventices que par l'érigéron seul » concluent les consultants.
D’après les analyses réalisées par le laboratoire Excell l’an dernier, l’érigéron relarguerait du méthionol, un composé soufré nauséabond.