Il peut être récolté à la machine à vendanger, en même temps que les raisins s’il dépasse la hauteur des grappes » rappelle Vincent Renouf, directeur du laboratoire Excell, à propos de l’érigéron du Canada. Véritable plaie au vignoble, cette adventice l’est aussi en vinification. « Nous avons été plusieurs fois sollicités pour des vins présentant des arômes végétaux, d’oignons pourris et de poireau cuit, relate Tommaso Nicolato, responsable œnologie du laboratoire. Les œnologues et les vignerons attribuaient ces défauts à l’érigéron. Nous souhaitions le prouver ».
L’équipe a fait macérer de l’érigéron dans une solution hydroalcoolique. « Cela nous a permis de constater que cette plante est riche en terpènes porteurs de notes végétales sales et dont certains se retrouvent dans les vins contaminés », explique Tommaso Nicolato.
« Mais cela n’expliquait pas la mauvaise odeur de ces vins », précise Vincent Renouf. Une odeur liée à présence de méthionol, un composé soufré nauséabond. Là encore, il s’agirait d’une conséquence de la présence d’érigeron dans la vendange. « Le méthionol est synthétisé pendant la FA à partir de méthionine. Or elle est présente en très grande quantité dans l’érigéron », explique Vincent Renouf. Reste à prouver que la méthionine de cette plante est bien la source de méthionol. Et à voir si ce dernier renforce les arômes désagréables des terpènes.
Le laboratoire a testé deux colles aux effets désodorisants : la caséine et le charbon. « Mais le résultat était décevant, se souvient Vincent Renouf. Nous avons conseillé aux clients d’assembler ces vins pour les diluer et de faire attention lorsqu’une parcelle est pleine d’érigéron ».