Avec les caisses de 12 à 15 kg de vendange, les jus sont bien gourmands et les vins plus purs, expose David Faivre, viticulteur à Belval-sous-Châtillon, dans la Marne. J’ai divisé mes doses de SO2 par deux en passant de 6 à 3 g/hl. »
Ce Champenois, qui exploite 5,5 ha dont 80 % de meunier, utilise depuis 2022 des petites caisses ajourées Allibert. « Le meunier est un cépage fragile, il faut le manipuler le moins possible, estime-t-il. Je viens de déguster le millésime 2020 que j’ai vendangé en grandes caisses et le millésime 2022 récolté en petites caisses. Bien sûr, il y a l’effet année, mais on perçoit vraiment la pureté du fruit avec les petites caisses. » Et pour cause : les raisins subissent un transvasement de moins et sont moins écrasés.
Désormais, exit les seaux. Les vendangeurs coupent les raisins directement dans les clayettes posées par deux sur des chariots qu’ils déplacent au fur et à mesure de leur avancée. Dès qu’une cagette est pleine, ils la posent au sol pour que les débardeurs viennent la ramasser et la remplacer par une cagette vide qu’ils placent sur les mêmes petits chariots. « Désormais, on vendange en descendant pour faciliter la conduite du chariot », souligne David Faivre.
Au pressoir, les choses ont aussi changé. « C’est beaucoup plus facile de vider seul une caisse de 11 kg qu’une caisse de 40 kg à deux car on n’est jamais complètement synchronisés », indique le vigneron. Revers de la médaille, la manutention est plus importante. « Le chargement du pressoir est un tout petit peu plus long, mais c’est surtout le temps de lavage des caisses qui a doublé, calcule David Faivre. Je réfléchis à automatiser ces étapes. »
Le Château Phélan Ségur, à Saint-Estèphe, en Gironde, a commencé la récolte en caisses Gamma-Wopla de 15 kg l’an dernier. « Nous y allons par étapes, précise Stéphane Rougé, responsable du vignoble. Nous avons acheté 600 clayettes en 2023 et autant cette année. D’ici deux à trois ans, nous devrions tout vendanger dans ces petites caisses. »
C’est également dans le but de préserver l’intégrité des raisins que ce château de 70 ha a fait ce choix. « Les vendangeurs ont été un peu perturbés le premier jour, souligne Stéphane Rougé. Mais ils ont vite intégré cette nouvelle organisation et en sont satisfaits. » Le bémol, c’est qu’il y a davantage de manutention sur les remorques et au chai et davantage de rotations entre les vignes et le quai de réception. Il a fallu passer de cinq à six tracteurs par parcelle et même à sept tracteurs pour les vignes les plus éloignées. Les quatre personnes affectées au quai vident toujours 50 tonnes par jour. Elles manipulent bien plus de caisses, mais leur travail est moins fatigant.
Reste que le plus grand soin apporté aux raisins semble porter ses fruits. « L’an dernier, nous avons récolté les mêmes parcelles en caisses de 10-12 kg et en caisses de 35 kg, détaille Stéphane Rougé. Les vins sont plus frais avec les petites caisses. Bien sûr, il faut rester très prudents car nous n’avons qu’une année de recul. Mais nous cherchons des niveaux de maturités phénolique et aromatique de plus en plus précis. En poussant à bout la maturité, nous récoltons des raisins plus fragiles. Ces petites caisses sont adaptées à notre projet. »
Le Château Phélan Ségur a choisi des caisses ajourées pour améliorer l’aération des raisins. « Quand nous les disposons dans la chambre froide, nous divisons le temps de refroidissement par deux par rapport à nos anciennes caisses, poursuit Stéphane Rougé. C’est aussi un gain énergétique. »
Laurent Fournier, vigneron à Marsannay-la-Côte, en Bourgogne, a plus d’expérience en la matière. Il travaille avec des petites caisses depuis son installation, en 2005. « On partait de zéro car, avant, les vendanges étaient mécanisées, précise-t-il. J’ai opté pour des caisses pleines que j’avais vues en Suisse. Je me suis dit que je les percerais en cas de besoin, pour l’écoulement des jus, ce que je n’ai pas eu à faire ! »
Laurent Fournier apprécie lui aussi le fait de couper directement dans les caisses plutôt que dans des seaux, ce qui évite un transvasement et l’oxydation qui peut en résulter. Petit conseil de ce viticulteur : « Choisissez des caisses de couleur bien distincte ! On a débuté avec des caisses grises et noires, mais certains ne les positionnaient pas bien. Avec des caisses rouges et noires, il n’y a plus de problème ! » Il faut savoir que ces caisses s’empilent de deux manières différentes selon qu’elles sont pleines ou vides et qu’elles sont bicolores pour aider leurs utilisateurs à s’y retrouver. Ce qu’ils font d’autant mieux quand ces couleurs sont contrastées.