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"Le dégustateur de vin parfait et doué n’existe pas", parole d’œnologue formateur
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Axel Marchal
"Le dégustateur de vin parfait et doué n’existe pas", parole d’œnologue formateur

Professionnels comme amateurs, "il faut se décomplexer" dans la dégustation des vins prône le docteur en œnologie Axel Marchal à l’occasion des 50 ans du Diplôme Universitaire d'Aptitude à la Dégustation enseigné à Bordeaux.
Par Alexandre Abellan Le 20 juin 2024
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A l’origine, le diplôme national d’œnologue comportait peu de dégustations, poussant initialement beaucoup d’œnologues à suivre le DUAD pointe Axel Marchal. - crédit photo : DR
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n 50 ans d’existence bordelaise, 1 480 étudiants ont obtenu le Diplôme Universitaire d'Aptitude à la Dégustation (DUAD). Lancé en 1974 par l’université de Bordeaux sous l’impulsion de sa figure tutélaire, le professeur Émile Peynaud, la formation « s’adressait aux personnes impliquées dans la production n’ayant pas eu de formation à l’œnologie et à la dégustation » rapporte le docteur Axel Marchal, son responsable pédagogique. Le professeur des universités à l’Institut de Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV) reçoit une trentaine d’élèves par an sur 50 séances de travaux théoriques et pratiques, de début octobre à fin mai (soit 175 heures par an).

Maintenant son ADN d’« apporter des compétences en termes de dégustation », le DUAD a élargi en 50 ans sa cible, recensant « toujours des techniciens (ouvriers de chais, ouvriers viticoles, responsables techniques…) », mais aussi « des personnes impliquées dans la production moins en lien avec la pratique (directeurs généraux de crus, de caves coopératives ayant une formation plus commerciale) » et un élargissement aux « courtiers, négociants, cavistes, sommeliers, responsables d’œnotourisme… Toutes les personnes en lien avec le vin qui veulent avoir des compétences de dégustation. » Y compris des professionnels en dehors du secteur du vin : comme un architecte qui voulait en savoir plus pour alimenter ses constructions de cuviers, ou un chocolatier souhaitant mieux travailler ses recettes avec du vin… « Il y a vraiment des horizons assez différents, avec en commun une profession ou une passion aiguë » résume Axel Marchal.

Faire le lien entre la perception sensorielle des vins et son origine

Dans tous les cas, le DUAD « n’est pas un diplôme de géographie viticole » passant en revue les différents vignobles français et étrangers : son but est de « faire le lien entre la perception sensorielle des vins et son origine » pose l’enseignant-chercheur, qui travaille notamment sur le lexique de la dégustation. En la matière, la maîtrise du jargon vitivinicole est à manier avec prudence : « il est important de savoir parler entre experts quand il y a besoin [de termes techniques], mais aussi de pouvoir parler à des personnes qui ne sont pas expertes. Surtout quand on est sommelier ou caviste au contact direct du consommateur. On ne peut pas parler à un client de la même façon qu’à un vinificateur » développe Axel Marchal. Défenseur du qui-peut-le-plus-de-technicité-œnologique-peut-le-faire-comprendre-avec-le-moins-de-jargon-hermétique, le responsable pédagogique du DUAD est « convaincu que la connaissance apporte de la liberté et de la capacité de s’adapter ».

Autre point crucial pour les enseignants de la formation : « nous répétons que le dégustateur de vin parfait et doué n’existe pas. Il y a le travail, la variabilité interindividuelle… Il faut se décomplexer ! Il n’y a pas de sachant qui a un jugement universel et un apprenant dont l’avis n’a pas de valeur » plaide Axel Marchal, pour qui « on peut se découvrir très sensible à la béta-ionone et son arôme de violette, comme on peut être insensible à l’éthylphénol. C’est l’intérêt de permettre au dégustateur de se découvrir et de découvrir ce qu’il y a dans le vin. » Suivant les tendances de la filière vin (comme le vin nature, étudié à l’aveugle pour éviter les biais positifs comme négatifs), le DUAD se garde de tomber dans les modes terminologiques : minéralité, buvabilité… Pour préférer la rigueur d’un vocabulaire plus intemporel et universel. Car « quand une personne s’embrouille dans la description d’un vin et dit "je me comprends", c’est un aveu d’échec. Quand on parle, c’est pour être compris » pointe Axel Marchal. Et ce sans la grande pompe de la technicité ronflante, sinon « on tombe dans la caricature du film l’Aile ou la cuisse : "un peu de pourriture noble en suspension…" Ce qui fait sourire le novice, mais le conforte dans l’idée que le vin c’est une fumisterie où l’on raconte ce que l’on veut. »

Table ronde

Le sujet sera évoqué ce jeudi 4 juillet lors d’une journée de célébration des 50 ans du DUAD à l’ISVV (Villenave d’Ornon). Une table-ronde se penchera notamment sur la façon de parler du vin en 2024, avec le professeur Philippe Darriet (le directeur de l’ISVV), la vigneronne Christine Vernet (Côte-Rôtie), le sommelier Xavier Thuizat (meilleur sommelier de France 2022), la critique Jane Anson (ex-Decanter) et le chroniqueur François-Régis Gaudry (France Inter).

Conditions d’entrée

Pour les candidats intéressés, le DUAD est ouvert aux titulaires du bac sur dossier (selon le parcours, l’expérience professionnelle et les objectifs de chaque candidat). « Il faut une adéquation pour nous entre les objectifs professionnels et le DUAD, pour que ce soit utile » complète Axel Marchal.



 

 

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Gallus Vindex Le 25 juin 2024 à 12:43:29
Il va de soi que le degustateur de vin parfait n'existe pas. En effet, chaque jugement d'un vin prend sa source dans les references se situant dans le cerveau du degustateur. Ces references comprennent des elements objectifs (plus ou moins scientifiques) et subjectifs. C'est ineluctable. Cette "partie" subjective vaut ce qu'elle vaut mais n'est a priori ni inferieure ni suoerieure a celle d'un autre degustateur a moins qu'elle se situe dans le domaine regie par les criteres de qualite objectifs. Pour les memes raisin, affirmer qu'un certain vin est "le meilleur", c'est a dire qualitativement superieur a tous kes autres vins, releve du nonsens.
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Mifio Le 21 juin 2024 à 02:36:15
Je préfère la méthode a l'ancienne
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