ls ont enfin l'attention des pouvoirs publics. Après l'annonce mercredi 22 mai, par le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, d'une mission d'expertise « pour réfléchir aux moyens de renforcer la résistance de la filière viticole face aux aléas climatiques », principalement centrée sur les vins de Cahors, Carole Delga est allée à la rencontre des viticulteurs lotois, vendredi 24 mai. « Ils ont pris conscience que ce qui nous arrive est sans précédent », observe Sébastien Sigaud, président de l'Union Interprofessionnelle des Vins de Cahors (UIVC).
Au domaine La Paganie, la présidente de la Région Occitanie a confirmé la mise en place d'un prêt Foster 2, appelés « aléas climatiques ». Il a été mis au point par la collectivité à la suite de l'importante période de gel qui a touché 90 % du vignoble lotois fin avril. Ce dispositif, qui sera voté par le conseil régional le 31 mai, permet à « la Région [de] se porter garante pour des prêts de trésorerie », explique la présidente de Région socialiste. « Ces prêts seront de 50 000 euros maximum », précise Vincent Labarthe, vice-président au conseil régional, en charge de l'agriculture. « La Région assure une garantie de 80 % », précise-t-il. Ce prêt Foster 2 pourra être négocié auprès de la Banque populaire, la Caisse d'épargne et le Crédit agricole.


« Cela va être très précieux », glisse Sébastien Bernède, vice-président du Syndicat de défense des vins AOC Cahors. « Nous avons d'abord besoin du soutien des banques et d'une baisse de nos charges. » Selon Sébastien Sigaud, 60 % des vignerons sont en très grande difficulté économique. Certains ne sont plus en mesure de payer des cotisations à l'interprofession qui comptabilise « 350 000 euros d'impayés », indique Nicolas Fournié, président du Syndicat de défense des vins de Cahors.
Cette aide de trésorerie ne sera cependant pas suffisante, prévient Sébastien Bernède. « Nous devons sortir du système dérogatoire concernant les doses de cuivre en Bio. » Et le viticulteur du Clos La Coutale qui cultive 100 hectares de vignes en agriculture biologique, de proposer une alternative. « Si un modèle scientifique tel que celui de l'Institut Français de la vigne et du vin (IFV) évalue une très haute pression mildiou, il faudrait qu'on puisse augmenter les doses sans être obligés de demander la dérogation », indique le vigneron en connaissance de cause. « En 2023 [année où le département a connu des dégâts importants provoqués par le mildiou, NDLR], on a demandé la dérogation en mai. On a eu la réponse après les vendanges. » L'histoire risque encore de se répéter. « On repart avec les mêmes conditions climatiques que l'an dernier. Des vignerons risquent de perdre le peu qu'il leur reste à cause du mildiou ». Face à Carole Delga, les vignerons lotois ont également rappelé la nécessité de réformer l'assurance récolte afin qu'elle prenne en compte « les coûts de production et non la moyenne olympique » insiste Daniel Fournié, membre du conseil d'administration du Syndicat de défense des vins AOC Cahors.
A plus long terme, Sébastien Bernède rappelle que les vignerons vont également avoir besoin d'aide pour investir dans des moyens de lutte contre le gel. « Le plus robuste semble être l'aspersion », avance le vigneron du Clos La Coutale. A ce sujet, Carole Delga a rappelé qu'il était déjà possible de solliciter le prêt Foster existant, et que des subventions allaient également être mises en place. Ce coup de pouce à l'investissement vient s'ajouter au « fonds d'adaptation agricole au changement climatique » d'un million d'euros, voté par le Département du Lot, à la fin du mois d'avril pour la viticulture et les filières de fruit à pépins ou noyau. Ce dispositif doit permettre de financer des équipements de lutte contre les événements climatiques extrêmes ainsi que des programmes de recherche.