Il a gelé une première nuit du 18 au 19 avril. Cela a commencé dans la vallée. Un vent du nord a rasé le sol. Des zones qui ne gelaient pas d'habitude ont été touchées », décrit Fabrice Durou, vigneron du Château Gaudou dans le Lot, responsable de la commission viticole du syndicat de défense du vin AOC Cahors. « Puis cela s'est reproduit toutes les nuits, jusqu'au mardi matin, le 23 avril. »
Cet épisode de gel a touché davantage les vignobles de « la rive droite de la Garonne », renseigne Christophe Bou, co-président de l'Interprofession des vins du Sud-Ouest (IVSO). « Dans le Tarn-et-Garonne, la Haute-Garonne et le Tarn environ 30% des parcelles ont été impactées. Ce chiffre est seulement une moyenne. Il y a beaucoup d'hétérogénéité. Certaines ont gelé à 20% d'autres à 100%. » Les vignes de l'Ariège et de l'Aveyron ont été touchées « au-delà de 40% », indique encore le co-président de l'IVSO, qui souligne que ces données ne sont encore que des estimations.
Au sein de la région, le vignoble lotois déplore les plus importants dégâts. « Il doit rester entre 400 et 500 hectares à peu près bons sur toute l'aire d'appellation qui rassemble 4 500 hectares », confirme Nicolas Fournié, président du syndicat de défense du vin AOC Cahors. Les températures sont descendues par endroit à -4°.


« La particularité de cet épisode de gel 2024, est qu’il intervient à des stades très avancés (boutons floraux agglomérés : stades observés habituellement vers le 10 mai soit 15 à 20 jours d’avance) », fait remarquer la chambre d'agriculture du Lot. « Souvent, le contre bourgeon a aussi gelé », prévient Fabrice Durou, dont le domaine de 44 ha a gelé à « quasiment 100% ». Une observation confirmée par la chambre : « Sur des gelées de printemps classiques, les bourgeons secondaires ou tertiaires, bien que beaucoup moins fructifères, peuvent compenser une part de la perte. Cette année, ces mêmes bourgeons ont aussi été impactés ».
Pour faire une estimation réelle de la récolte à venir, il faut encore attendre plusieurs semaines. « Dans un mois environ, on pourra observer les contre-bourgeons », indique Nicolas Fournié. « On aura une estimation plus précise encore après les fleurs, au stade petit pois », ajoute encore Fabrice Durou.
Dans le Tarn, Cédric Carcenac, qui pense également au risque de coulure, préfère également attendre pour estimer le potentiel de récolte 2024. Le président de la maison des vins de Gaillac imagine déjà des moyens pour s'adapter. « Il faut trouver des solutions, comme par exemple l'achat de raisin. On est dans l'anticipation de la saison. »
Cet épisode de gel survient alors que « le Sud Ouest ne produit pas à la hauteur de son potentiel depuis trois ans à cause d'une succession d'aléas climatiques », rappelle Christophe Bou. « Dans certains départements, comme dans le Lot, on est devant des difficultés économiques majeures. Cela va mettre en exergue le problème de la moyenne olympique qui ne permet pas aujourd'hui aux vignerons de s'assurer correctement ».