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Le programme de Marie Toussaint pour les vins de France 🍷🇪🇺
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Européennes 2024
Le programme de Marie Toussaint pour les vins de France 🍷🇪🇺

Quelle serait la politique européenne pour le vin de la tête de liste des Écologistes ? Le point en 8 questions pour ce deuxième interview dans le cadre des élections européennes (dimanche 9 juin).
Par Alexandre Abellan Le 14 mai 2024
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Le programme de Marie Toussaint pour les vins de France 🍷🇪🇺
Eurodéputée depuis 2019, Marie Toussaint est la vice-présidente du groupe des Verts au Parlement européen depuis 2022. - crédit photo : Les Écologistes
Q

uelle est votre vision de la filière vin en France : un patrimoine culturel à conserver autant que possible en ces temps de crise ou un atout culturel à adapter et développer par le plus de moyens possibles sur un maximum de marchés ?

Marie Toussaint : La filière viticole française est un des plus beaux patrimoines culturels sur lequel notre pays peut compter. Il contribue notamment au rayonnement de la France par un savoir-faire millénaire mais aussi par la richesse et la diversité de nos terroirs. Malheureusement la préservation de ce patrimoine ne pourra se faire sans une adaptation au nouveau régime climatique dans lequel nous sommes rentrés. Si les difficultés économiques et sociales de la filière se font de plus en plus ressentir face à une concurrence de plus en plus féroce, la crise climatique doit nous pousser à une nécessaire adaptation des modèles économiques et agricoles. La richesse culturelle du patrimoine viticole nous oblige à accepter la réalité scientifique pour trouver les solutions qui permettront à la filière de rayonner toujours aussi loin.

 

Partagez-vous le sentiment d’une partie du vignoble de ne pas être représenté assez fortement par les eurodéputés français à Bruxelles, notamment pour défendre leurs activités et intérêts sur les débats environnementaux, sanitaires, climatiques… ?

En tant que bordelaise, je suis très attachée à notre patrimoine girondin. La viticulture est un des secteurs les plus touchés par les questions climatiques, économiques, sanitaires et environnementales … et notre délégation écologiste a toujours pris ces problématiques dans leur ensemble.

L’approche que nous développons au Parlement européen et que nous avons explicitée lors de cette campagne, notamment pendant la crise agricole, se résume dans l’articulation essentielle entre les problématiques sociales, économiques et les problématiques écologistes. Nous sommes et serons attachés à accompagner tous les secteurs et les professionnels dans la transition et l’adaptation. Nous avons encore du travail.

 

De plus en plus de débats européens portent sur la question de la dangerosité du premier verre de vin (textes BECA, MNT…) : quelle est votre position ?

La dégustation du vin est avant tout une question de plaisir et d’attention portée au travail minutieux effectué par le vigneron. Il est primordial de rappeler que sa dégustation est un plaisir mais qu’il peut devenir dangereux dans sa surconsommation. Nous pensons que valoriser un vin de qualité est indispensable tant dans le soutien aux viticulteurs et viticultrices que pour la santé publique.

 

Êtes-vous favorable à une taxation comportementale/un prix minimum de vente au niveau européen ?

La taxation comportementale vient souvent fragiliser les plus vulnérables. De la même manière que je me suis opposée à la mise en place de l’ETS 2 [NDLR : l’Échange de quotas d'émission, le marché européen du carbone], avec un prix du carbone appliqué aux logements qui risque de se répercuter sur les ménages les plus faibles qui habitent dans des passoires thermiques, je pense que les solutions libérales de marché ne sont pas celles qui permettent de répondre aux enjeux sanitaires et de justice sociale. Pour autant, il faut dégager les outils de distribution et fiscaux qui permettent de soutenir celles et ceux qui sont déjà engagés dans une viticulture protectrice de la planète, celles et ceux qui y aspirent, ainsi que les transformations et l'adaptation qui seront nécessaires face aux aléas climatiques et notamment la disparition de l'eau.

 

Vous opposerez-vous ou soutiendrez-vous des mentions sanitaires communautaires ressemblant à celles du tabac pour l'étiquetage des boissons alcoolisées en général et du vin en particulier (comme l’Irlande impose dès 2026 des phrases reliant cancer et alcool) ?

Les risques de cancers sont tant reliés à la surconsommation d’alcool qu’à l’utilisation de produits phytosanitaires. Nous sommes favorables à la mise en place d’un Nutriscore et d’un Planetscore pour permettre aux consommateurs de choisir ainsi qu’aux producteurs d’assurer la transparence sur leur produits et leur qualité. L'enjeu de la santé publique est un enjeu majeur.

 

Dans la prochaine Politique Agricole Commune (PAC) se pose la question de maintenir ou non des outils de régulation propres aux vignobles : autorisations de plantation (courant jusqu’en 2045 mais avec un rapport d’étape en 2028), outil d’Organisation Commune du Marché vitivinicole (OCM vin)… Quelle est votre position en la matière ?

Selon nous, la PAC doit avant tout permettre aux agriculteurs et viticulteurs de vivre dignement de leur travail. Elle doit également nous permettre de nourrir les Européennes et les Européens. Elle a enfin pour vocation à protéger la santé de ses paysans comme celle des consommateurs et de protéger face aux risques climatiques.

Le maintien de ces règles doit avoir pour seul objectif et intérêt la protection du marché européen du vin pour le rendre résilient et résistant face à la concurrence internationale mais aussi assurer le juste équilibre entre production et consommation. Les règles nous protègent et permettent également de donner confiance au consommateur. Les outils de régulation existant dans le secteur viticole permettent de le réguler et de protéger les acteurs économiques. Les Écologistes se sont battus au Parlement européen en 2020 pour maintenir les régulations. Ces modes de régulations pourraient d’ailleurs devenir un modèle pour d’autres secteurs.

 

Sujet de crispation à Bruxelles avec la politique du Green Deal, la performance environnementale des domaines est-elle compatible avec leur compétitivité/pérennité économique ?

Les Écologistes sont précisément attachés à ce que l'ensemble des filières agricoles comme la viticulture perdurent et se renforcent. C’est en cela que la lutte contre le réchauffement planétaire est une priorité pour nous. Il n’y a pas d’activité économique sur une planète morte. Pas de prospérité dans un monde où le climat rendrait nos territoires difficilement vivables.

Nous sommes en effet placés devant une opportunité : celle de repenser en profondeur notre manière d’habiter la planète et nos territoires, en décarbonant notre économie, en protégeant la biodiversité ou encore en nous donnant les moyens de bâtir une agriculture et une viticulture résiliente digne de ce nom.

Nous devons aussi soutenir collectivement les effets positifs des pratiques agroécologiques. C’est ce que nous portons au travers des paiements pour service rendus à la nature dans le cadre d’une PAC rénovée et accompagnement le développement des pratiques agroécologiques.

 

Pour tenir le coup face au changement climatique, souhaitez-vous une réforme de la moyenne olympique qui encadre l'assurance climatique des récoltes ?

Le dérèglement climatique va affecter les rendements. Il affecte également la capacité des assureurs à garantir les risques. Plusieurs ont déjà tiré la sonnette d’alarme d’un monde qui n’est plus assurable. Et il n’est pas envisageable que ce soient les producteurs, qui sont les premiers témoins et les premières victimes du dérèglement climatique, qui soient laissés le bec dans l’eau.

C’est la raison pour laquelle nous voulons mettre en place une assurance européenne face aux risques climatiques comprenant à la fois : un bouclier assurantiel climatique européen pour que chaque individu et professionnel bénéficie d’une assurance contre les catastrophes climatiques ; un encadrement des conditions et pratiques de marché des acteurs privés de l’assurance dans l’indemnisation des pertes de revenus et de biens liés aux aléas environnementaux ; une réassurance publique européenne pour réduire les besoins en capital des assureurs, à la condition d’un engagement sur l’accompagnement des indemnisé et l’adoption de pratiques assurantielles responsables et non discriminatoires. Face à la récurrence amplifiée des événements climatiques, une assurance retenant le critère de la moyenne olympique n'est manifestement plus la bonne méthode.

 

Comment ne plus laisser les vins et spiritueux français devenir des otages de choix dans les conflits commerciaux internationaux (des taxes Trump à l’enquête chinoise antidumping) ?

Nous devons repenser nos rapports avec les autres puissances économiques mondiales. L’Europe est la première puissance économique du monde. Nous avons la possibilité de protéger notre marché et d’en faire le leader d’une économie décarbonée et protectrice de nos filières comme le vin. Nous devons repenser une taxe carbone au frontière et valoriser les produits européens grâce à une harmonisation des fiscalités à l'échelle européenne. Dans un contexte où la conscience écologique est de plus en plus présente, les produits bénéficiant d'un signe distinctif officiel de pratiques respectueuses de l'environnement, comme Agriculture Biologique, Demeter, Nature & Progrès, se présentent dans une position plus favorable pour rester leaders sur ces marchés de plus en plus soumis à une forte concurrence.

 

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Olivier ZEKRI Le 17 mai 2024 à 12:13:49
Dommage Alexandre de ne pas avoir interrogé Marie Toussaint sur la question actuellement en débat au parlement Européen de la proposition de régulation NGT. Il aurait été intéressant d'avoir sa position sur le sujet... pour une prochaine interview
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