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"On pourra toujours vivre de la viticulture en France à la fin du siècle"
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Changement climatique
"On pourra toujours vivre de la viticulture en France à la fin du siècle"

Echange rassurant avec Cornelis van Leeuwen, écophysiologue co-auteur d’une cartographie mondiale de l’évolution mondiale des vignobles face au changement climatique publiée dans la revue Nature.
Par Marion Bazireau Le 31 mars 2024
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Cornelis (Kees) van Leeuwen est professeur de viticulture à Bordeaux Sciences Agro et à l'Institut des sciences de la Vigne et du Vin (ISVV). - crédit photo : Michael Blann
V

ous avez calculé qu’environ 90 % des régions viticoles côtières et de basse altitude du sud de l’Europe risquent de perdre leur aptitude à produire du vin de qualité à des rendements économiquement soutenables d’ici 2100 si le réchauffement global dépasse +2 °C. Les viticulteurs français doivent-ils s’inquiéter ?

Cornelis van Leeuwen : Non. Malgré l’augmentation probable de 2 à 4°C de la température d’ici la fin du siècle, il devrait toujours être possible de bien vivre de la viticulture en France, même dans le Languedoc moyennant quelques adaptations.

 

De nouvelles régions viticoles vont-elles voir le jour ?

Probablement, puisque le climat va permettre de faire murir des raisins à de bons niveaux de qualité dans toute la France, y compris en Bretagne, en Normandie, ou dans le Nord.

 

Que va-t-il se passer dans le reste de l’Europe ?

Les scientifiques prévoient la fin de la viticulture dans le sud-est de l’Espagne, en Grèce, et dans toute l’Italie, même dans la plaine du Pô. Ils anticipent en revanche de nouvelles plantations en Angleterre, en Irlande, au Bénélux, dans toute l’Allemagne, au Danemark, en Pologne, et jusqu’en Ukraine.

 

L’Europe va donc rester le premier continent viticole ?

Oui. L’Europe va rester le premier continent producteur de Vitis vinifera. Quelques possibilités de création de vignobles vont s’ouvrir en Argentine et en Nouvelle-Zélande, mais dans le centre des Etats-Unis le gel d’hiver va continuer à faire trop de dégâts. En Chine c’est l’humidité et en Australie la chaleur.

 

Quels sont vos conseils aux vignerons du sud de la France pour s’adapter au changement climatique ?

Ils ont une énorme boîte à outils à disposition. Une des solutions serait de replanter des cépages méditerranéens sélectionnés depuis des milliers d’années pour leur résistance à la chaleur et à la sécheresse. Il faut arrêter de vouloir à tout prix faire du merlot, du sauvignon ou du chardonnay et s’orienter vers le mourvèdre, le grenache, le carignan ou le cinsault en rosé.

On peut aussi s’inspirer du passé pour le mode de conduite. Le gobelet ne souffre jamais de la chaleur et de la sécheresse. Et contrairement à ce que les constructeurs affirment parce qu’ils n’ont pas trouvé de marché assez juteux pour adapter les machines à vendanger, c’est un système tout à fait mécanisable, comme cela se fait déjà pour les arbres fruitiers.

 

Et l’irrigation ?

C’est une solution trop court-termiste. Il n’y aura surement plus d’eau dans 50 ans dans le Languedoc quand il n’y aura plus de neige dans les Alpes pour alimenter le Rhône.

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Tous les commentaires (7)
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Dominique Le 06 avril 2024 à 10:11:00
je suis assez effaré du peu de réactions en réponse à l'interview pourtant décoiffante de Kees van Leeuwen , quoi qu'on puisse en penser. C'est pourtant LE sujet majeur qui nous attend, sans doute très vite. Il va falloir que le monde du vin se mette à réfléchir et agir, au lieu de commander périodiquement des études sur le changement climatique pour se donner bonne conscience.
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Dominique Le 31 mars 2024 à 23:18:06
La position de Kees van Leeuwen semble quelque peu hasardeuse, et contradictoire avec certains éléments de l'article lui-même. On se demande s'il évalue la portée de certaines de ses affirmations. Affirmer qu'il sera « possible de bien vivre de la viticulture en France » malgré «l'augmentation probable de 2 à 4°C de la température d'ici la fin du siècle » est proprement hallucinant. Concrètement, deux ou quatre degrés de plus EN MOYENNE, c'est beaucoup plus en pointe. On voit déjà en été des feuilles brûlées par le soleil couchant, les Pyrénées orientales avec la pluviométrie du Sahara tout comme le reste de la Catalogne où l'eau potable vient à manquer. L'ancien PDG d'AXA déclarait en 2015 : «  A +4°C, plus rien n'est assurable » ! Ca veut dire qu'au niveau où nous en sommes déjà, nous assistons à des phénomènes météorologiques inimaginables il y a peu. La Méditerranée, mer fermée et surchauffée, va générer des épisodes cévenols XXL. Quand M. Van Leeuwen nous dit que l'Italie sera rayée de la carte viticole, ce qui est tout à fait possible, cela signifie qu'a fortiori elle sera rayée de toute carte pour n'importe quelle autre culture : là où la vigne n'arrive plus à pousser, on fait quoi ? Des cactus ? Et où donc les Italiens vont-ils aller se nourrir, alors que pour l'instant, ce sont eux qui fournissent toute l'Europe en fruits et légumes ? Désordres sociaux majeurs et nouvelle migration en vue ? L'article indique que « même dans le Languedoc » on pourra bien vivre de la viticulture , tout en indiquant plus bas dans l'article qu'« il n'y aura plus de neige dans les Alpes pour alimenter le Rhône ». Or si le débit du Rhône s'écroule en été, qu'en sera-t-il de l'Orb ou de la Têt ? Ce qui frappe dans cette article, c'est le caractère désincarné de cette approche mécanique qui n'envisage pas les conséquences systémiques d'un tel déréglement climatique. Cette étude est purement analytique. Elle examine le devenir de la viticulture isolément, toutes choses égales par ailleurs comme on dit en physique. Mais la vraie vie ne fonctionne pas comme ça. Toutes les choses « par ailleurs » sont en train de bouger à grande vitesse. Conclusion : faire croire qu'à +4 degrés ça ne sera pas un chaos généralisé et que la viticulture continuera sa petite vie dans son coin, ça risque d'endormir nos capacités à réagir vite. On aurait préféré une réflexion sur le rôle majeur de la viticulture et de l'agriculture en général, pour ne pas arriver à la catastrophe des 4 degrés.
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julian louis Le 31 mars 2024 à 20:51:31
ce gars là ne va pas dans les vignes ..un gobelet souffre autant de la sécheresse que d'autres modes de conduite ; ce qui fait la différence c'est la profondeur du sol et donc de la réserve hydrique , les porte greffes et cépages ont aussi une influence : gare à la mode des nouveaux hybrides résistants qui le sont très peu au sec et à certaines préconisations comme le marselan qui a été choisi parmi les croisements grenache x cabernet pour être multiplié alors que c'est celui qui résiste le moins aux coups de chaud , je peux le dire par expérience après avoir multiplié 6 clones de ce croisement depuis 1977..
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Gentil Sceptique Le 31 mars 2024 à 17:15:11
C'est inconcevable ! Dramatique ! Le Rhône va cesser d'irriguer le Languedoc ? Et nos politiques qui ne font rien !
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Amandine Le 31 mars 2024 à 14:36:09
Bravo!
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Georges TRUC Le 31 mars 2024 à 12:08:37
Écrire ": cépages méditerranéens sélectionnés depuis des millions d'années" n'est pas très raisonnable ; l'échelle relative à la sélection des cépages issus de V. Vinifera est en milliers d'années et pas en millions... Suite 1 : "s'orienter vers le mourvèdre, le grenache, le carignan" dans le sud de la France ?? Curieuse proposition : ils y sont déjà, très répandus, et commencent à souffrir ou à monter fortement en degré d'alcool...les vignerons de ces régions s'orientent vers des cépages secondaires, oubliés ou fort peu cultivés, dont les caractéristiques paraissent favorables... Suite 2 : le Languedoc se trouve en dehors du bassin rhodanien ; donc, ne sera pas concerné par le manque de neige dans les Alpes... Faudrait simplement faire relire vos contributions, M. Van Leeuwen. Toutefois, le sujet demeure intéressant.
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Cave34 Le 31 mars 2024 à 09:39:10
Quel commentaire alarmiste ! Qui ne fait que répéter la doxa médiatique sur le changement climatique. A tous les viticulteurs italiens qui sont mes amis : n'écoutez pas les scientifiques et n'ayez pas peur, continuez de nous régaler !
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