ropriétaire du château Bénéhard, dans le sud de la Sarthe, Anne-Sophie de Verchère cultive avec son neveu Philippe de Jaham des vignes en appellation coteaux-du-loir sans aucun intrant chimique. « Nous avons démarré en 2015 avec 44 ares de chenin et 44 ares de pineau d’Aunis en éliminant même le soufre et le cuivre. Aujourd’hui nous avons 12 hectares certifiés en agriculture biologique, biodynamique, HVE, USDA NOP, liste la châtelaine. Nous scrutons les étiquettes des produits que nous achetons pour que tout ce que nous utilisons puisse être bu et mis sur la peau ».
Prêle, sauge, algues, bicarbonate, huile d’olive…Anne-Sophie de Verchère explique ne pas avoir de recette toute faite pour protéger son vignoble des ravageurs. « Je me suis formée au mélange des plantes au gré des années, et j’adapte mes décoctions et autres préparations à la météo. Cela a toujours fonctionné sauf en 2018 quand le mildiou a anéanti la récolte ».
La vigneronne a créé des mares et demandé à un apiculteur de poser 90 ruches sur son parcellaire. « Tous les rangs sont semés et juste tondus pour favoriser la biodiversité et la présence d’auxiliaires ». Elle surveille de très près la maturité pour ramasser des raisins équilibrés et les fait trier trois fois avant de les encuver. « D’abord par la machine à vendanger, par un système optique, puis par l’équipe du chai pour éviter les accidents de fermentation ». Malgré ces précautions, elle affirme avoir vinifié 30 hl/ha l’an passé.
Appliquant la même philosophie qu’au vignoble, Anne-Sophie de Verchère vinifie de manière naturelle. « Je ne sulfite pas, je n’utilise pas de levures commerciales et je ne chauffe pas mon vin ». Elle dit réussir à éviter les oxydations et les déviations microbiologiques en éliminant toutes les baies fendues et en réalisant des pieds de cuve pour faciliter les départs en fermentation. Son chai est climatisé et les vins régulièrement analysés.
Après de longs élevages en cuves en résine et en bouteilles, le château Bénéhard a lancé l’an passé la commercialisation du millésime 2016. « Les clients sont au rendez-vous, agréablement surpris par le fruité et la stabilité des vins. Ca part très vite ! » se réjouit Anne-Sophie de Verchère, anticipant un rapide retour sur investissement.