Nous allons arrêter de répondre à des marchés sur lesquels nous ne créons pas de valeur », annonce le président de la cave coopérative Agamy, Sébastien Coquard. Travail sur les profils des vins, ciblage des consommateurs « intéressés » et « connaisseurs », arbitrage entre les différents débouchés : le chantier lancé par la coopérative pour monter en gamme fait écho à la feuille de route de l'interprofession publiée en AG le 8 février par son président Philippe Bardet.
Des « ambitions collectives » que Sébastien Coquard reprend à son compte pour impulser une nouvelle direction à Agamy. « Nous voulons retravailler nos styles de vinification et faire des sélections parcellaires pour diversifier nos profils de vins, détaille-t-il. Les crus doivent prendre leur envol pour devenir de véritables locomotives. Mais c'est dans les Beaujolais et Beaujolais Villages que nous devons créer de nouvelles gammes bien valorisées, plutôt que jouer des coudes pour être à tout prix dans les rayons des magasins. Et nous voulons affirmer notre capacité à faire de jolis blancs qui puissent challenger ceux produits plus au Nord... » Objectif de la coopérative, qui rassemble 260 vignerons et 931 ha de vignes : toucher une clientèle nouvelle « prête à mettre un prix sur nos bouteilles ».
S'affranchir des marchés les moins rémunérateurs peut demander des sacrifices. « Nous allons en profiter pour réarbitrer nos débouchés entre négoce et conditionné : il faudra sans doute travailler davantage avec des maisons de négoce et accepter de perdre un peu de volume pour nos conditionnés qui se trouvent souvent sur des marchés très challengés, essentiellement en GMS », assume le président. Dans le même mouvement, la coopérative prévoit d'étoffer son réseau de points de vente, actuellement au nombre de quatre, et développer son offre oenotouristique, pour que ces activités génèrent 10 % du chiffre d'affaires en 2024 (contre 7,5 % actuellement).
Les boutiques Agamy ont amorcé leur transformation en franchises Vilavigne (dont elle est cofondatrice), intégrant les vins d'autres producteurs et d'autres produits. « Pour maîtriser notre distribution, il nous faudrait vingt franchises positionnées à des lieux stratégiques de la région AURA, rêve Sébastien Coquard. Cela contribue à notre image, et donc à être demain mieux reconnu et mieux valorisé. Mais cela prendra le temps qu'il faudra... »
La montée en gamme envisagée s'appuie aussi sur un volet écologique. La cave, certifiée « Vignerons engagés » depuis 2021, vise la certification HVE ou bio pour l'intégralité de son vignoble d'ici cinq ans. En 2023, elle a aussi élaboré une gamme de 15 000 cols 100 % écoconçue, avec bouteilles allégées de 20 %, bouchons recyclés et étiquettes en papier « responsable », sans que les coûts dérapent. La même année, le conditionnement de beaujolais nouveaux en canettes (120 000 canettes de 50 cl) pour le marché sud-coréen a également permis d'alléger à la fois le bilan carbone et le coût du fret.