n ne compte plus les solutions proposées par l’autrichien VinPilot : logiciel de supervision et de traçabilité, thermorégulation, régulation de l’hygrométrie, prise de densité automatique… Si aucun chai français n’est encore équipé de cette dernière option, certains se sont déjà laissé convaincre par ce nouveau fournisseur et ont acheté son logiciel, son système de thermorégulation ou son régulateur d’hygrométrie.
Parmi les précurseurs, les caves coopératives de l’Amiral, à Entrecasteaux, dans le Var. Elle s’est équipée du logiciel et de la thermorégulation VinPilot Pro pour ses 10 000 hl annuels (80 % de rosés). « Notre ancien président les a découverts au Sitevi 2021, raconte Florian Brunet, maître de chai. Aujourd’hui, nous contrôlons et pilotons le froid de nos 45 cuves béton, équipées de serpentins fixes ou mobiles.
Chaque cuve est équipée d’un boîtier relié à une sonde qui affiche la température. Les températures de toutes les cuves sont aussi reportées sur un écran de supervision. Je peux enregistrer ou modifier les consignes depuis notre ordinateur, mon smartphone ou directement sur le boîtier des cuves, ce qui peut être pratique en cas de panne d’ordinateur. Avant, c’était archaïque : nous pilotions la température avec des vannes manuelles en vérifiant trois fois par jour. C’était imprécis et stressant. Depuis que nous sommes équipés, j’ai gagné en sérénité… et en aromatique ! »
Autre avantage, unique semble-t-il : avec VinPilot, exit le foisonnement de câbles électriques ! Ici, les boîtiers ne sont pas reliés individuellement à une armoire électrique. D’ailleurs, il n’y a même plus d’armoire électrique. L’installation est simple : un seul câble de bus hybride alimente tous les boîtiers en électricité, transmet les données à l’ordinateur central et ses instructions en retour.
Une installation si simple que Régis Quentin l’a réalisée lui-même. Ce propriétaire des 16,5 ha du domaine de Peyre Brune, en Ardèche, a lui aussi équipé sa cave avec le logiciel et la thermorégulation VinPilot afin de remplacer sa régulation manuelle. « L’installateur le plus proche était à 250 km. Alors j’ai préféré tout faire moi-même, explique Régis Quentin. Il ne m’a fallu que quatre à cinq jours. Il faut être un peu bricoleur, méthodique et suivre scrupuleusement le schéma de montage. Un seul câble relie les boîtiers contrôleurs de chaque cuve, puis on relie chaque boîtier à la sonde de température et à l’électrovanne. Finalement, ce qui m’a pris du temps, c’est de réaliser les piquages pour les électrovannes sur le circuit de froid. » Régis Quentin n’a donc payé que le matériel, soit 13 000 € pour 20 boîtiers contrôleurs, subventionné à 40 % par FranceAgriMer.
S’il se réjouit de son nouvel équipement, il émet tout de même une réserve. « Le logiciel n’est pas très complexe à prendre en main. L’équipe de VinPilot est disponible et peut prendre le contrôle à distance au besoin, mais il m’a manqué une documentation technique complète lors de la prise en main. J’ai dû chercher et trouver par moi-même comment enregistrer un soutirage. » Une documentation que VinPilot estimerait difficile à maintenir à jour compte tenu de l’évolution rapide de son logiciel.
Pour sa part, Florian Brunet est formé au maniement du logiciel en une journée. « C’est vraiment simple et intuitif, affirme-t-il. Si on oublie quelque chose, il y a des tutos très pratiques sur YouTube. Et je n’ai pas eu une seule défaillance de matériel depuis l’installation. » Si le logiciel permet aussi de gérer la traçabilité au chai, Florian Brunet et Régis Quentin ne s’en servent que très peu, restant sur leurs anciens systèmes respectifs.
Ce n’est pas le cas d’Antonin Cosnier, propriétaire du domaine du même nom, 1 ha à Pernand-Vergelesses, qui s’est équipé de VinPilot Pro uniquement dans ce but. « J’ai repris le domaine en 2018 et commencé ma gestion de cave sur Excel. Cinq ans plus tard, ça devenait trop compliqué alors j’ai choisi VinPilot. C’est intuitif et facile à prendre en main. »
Il faut dire qu’Antonin Cosnier vinifie de nombreux lots : une trentaine cette année. Comme le logiciel lui a été livré fin novembre, il l’a renseigné après les vinifications. Et désormais, tout est plus clair. « Lorsque je clique sur une cuve, tout s’affiche : le cépage, la parcelle, les intrants…, relate-t-il. Maintenant, je vais ajouter les bulletins d’analyses œnologiques. » Autre avantage : le prix. Vendus seuls, le logiciel et sa formation ne coûtent que 150 € puis 360 € d’abonnement par an.
David Fourtout, propriétaire du Château Les Monderys, à Conne-de-Labarde, dans le Bergeracois, est sans doute l’un des plus équipés par VinPilot en France. Ce vigneron a été séduit par le côté évolutif de VinPilot. Pour le moment, il dispose lui aussi du logiciel et de la thermorégulation, mais pas seulement.
Il possède également trois DryFog, qui gèrent l’hygrométrie de son nouveau chai à barriques. « VinPilot a tout installé en quatre jours. » C’est simple : un régulateur vérifie en permanence le taux d’humidité de l’air. Dès qu’il descend sous le niveau sélectionné, des buses orientables diffusent automatiquement une brume sèche qui humidifie l’air sans le mouiller.
« Mon sol est parfaitement sec, alors que je demande 75 % d’humidité dans le chai, constate David Fourtout. Dans mon cas, les buses se mettent en route environ toutes les 3 à 4 minutes. Ce système permet aussi de réduire ma consume à environ 3 %. J’ouille très peu. » Une fois l’eau pulvérisée, de l’air pulsé vient sécher les canalisations afin d’éviter les contaminations bactériologiques.
« En décembre, ils m’ont installé gratuitement une buse supplémentaire dans la partie du chai réservée aux malos où je n’arrivais pas à atteindre la consigne, confie-t-il. C’est sans doute lié au fait que je chauffe cette pièce à 20 °C et qu’un escalier emmène l’humidité à l’étage. » Côté tarifs, comptez 1 830 € pour une armoire avec une buse et jusqu’à 3 090 € pour quatre buses, sachant qu’une buse couvre 80 m2. En outre, il vous faudra également le régulateur d’humidité, la sonde d’humidité et un osmoseur pour garantir une eau sans calcaire afin d’éviter le bouchage des buses.
Une automatisation qui ne s’arrêtera peut-être pas là pour David Fourtout. « Si j’en ai les moyens, demain, j’ajouterai la prise de densité automatique », envisage-t-il. VinPilot étant évolutif, il pourra facilement l’implanter, voire automatiser les remontages s’il le souhaite en équipant de pompes toutes ses cuves.
« On essaie d’automatiser autant de processus que possible », explique Petra Lindemann, directrice des ventes VinPilot. En plus de mesurer directement la température et la densité des cuves, de piloter les remontages et l’oxygénation, VinPilot propose désormais de mesurer le volume et la pression des cuves. Un premier outil, VinPilot Radar, permet ainsi de surveiller le niveau de remplissage des cuves d’une hauteur de 15 m. Un second de surveiller la pression et de contrôler la fermentation dans les cuves closes. Ces deux instruments se raccordent, comme les sondes de température, au boîtier de contrôle des cuves qui, dès lors, affiche outre la température soit le volume, soit la pression.