otre histoire témoigne de tout le potentiel insoupçonné des vins de Bordeaux qui ne demande qu’un peu d’attention pour être découvert… Et séduire les consommateurs.
Noémie Tanneau : Tout à fait ! Les vins de Bordeaux sont en plein renouveau. Bien sûr, j’ai le coup de projecteur de la dégustation royale, mais j’ai la sensation de faire des vins populaires. J’ai l’impression que ça a motivé les votes de ce top 20. Les consommateurs ont besoin de transparence et ont envie de savoir qui est derrière la bouteille. Le seul objectif du vigneron est de faire des vins qui vont créer du partage et réunir des gens.
2023 aura été une année folle pour vous : êtes-vous toujours sur un petit nuage ?
J’ai atterri quand même ! Si j’ai un tempérament à avoir la tête dans les nuages, je reste terre à terre, pragmatique et simple. Je parle simplement de mes vins et ne dirai jamais qu’ils sont les meilleurs. Pour parler de ses vins il faut rester simple et accessible. Le monde du vin n’est pas compliqué.
Je viens d’une famille modeste et très aimante qui m’a permis d’avoir confiance en moi. Je suis sereine et avance sereinement.
Si le Royaume-Uni vous a offert un coup de projecteur royal, il a également apporté le Dry January… Êtes-vous opposée à cette idée même de Janvier Sec ou acceptez-vous les évolutions de la société dans ses attentes ?
Si des personnes ont l’envie d’avoir une consommation responsable, je ne peux que les y encourager : nos vins ne sont pas faits pour se saouler. Moi-même je bois peu de vin et apprécie les dégustations de découverte où l’on recrache. Le Dry January existe et ne me dérange pas tant qu’il n’y a pas de propos véhéments sur le vin. Tout est question d’équilibre. La réduction de la consommation pose question. Quand j’ai démarré il y a quatre ans, j’ai constaté de manière générale que les gens n’ont plus tellement de budget, que ce soit pour le vin et d’autres choses. Je réfléchis à d’autres formats pour permettre de nouvelles consommations, comme la demi-bouteille (37,5 cl). Il faut être de son temps.
Nous sommes encore dans la période des vœux : que peut-on souhaiter aux vins de Bordeaux pour 2024 ? La visite du pape François dans le vignoble ? Des dégustations sur tik tok par Taylor Swift ?
En dehors d’avoir l’appui de belles personnalités, il faut souhaiter aux vins de Bordeaux de reconquérir un public populaire. C’est chouette d’avoir la dégustation d’un roi, mais ce n’est pas lui qui m’a commandé des vins. Il faut trouver de nouveaux consommateurs et se souhaiter de beaux évènements collectifs. Bordeaux Fête le Vin a explosé les scores en 2023, il faut encore une belle fête cette année.
Quels sont vos projets pour 2024 ?
Je vais participer au collectif Bordeaux Crafters lors du salon Wine Paris & Vinexpo Paris (lundi 12 au mercredi 14 février 2023). Nous serons quatre vignerons des quatre coins de Bordeaux sur le stand G 179 du hall 6 : Vincent Bougès pour le Médoc (châteaux Les Gravilles et La Fon du Berger), Guillaume Guérin pour Blaye (moulin de Rioucreux), Charlotte Molinari (château Pont de Brion) et moi pour Saint-Émilion (château Saint-Ferdinand). Nos clients ne nous appartiennent pas et nous créons un collectif pour partager nos fichiers de clients. En marge de Wine Paris, le dimanche 11 février je participe au festival Bordeaux Rocks sur une péniche : dans le même esprit dynamique et vitaminé. L’idée est de montrer qu’à Bordeaux on fait des choses sympas, avec des profils différents et variés, du pét’nat’ au rouge fruité, capables d’aller du début à la fin du repas.
J’ai aussi l’idée d’un projet participatif. Je souhaite planter un cépage qui n’est pas présent à Bordeaux (et que je n’ai pas encore choisi). Je vais lancer une campagne de financement participatif ce printemps pour permettre à mes clients de s’impliquer. Ce qui va répondre aux demandes d’adoption de pieds que j’ai. J’ai aussi des projets d’agroforesterie… Et je vais mettre en place une e-boutique.