ive l'Ontario libre ? Le gouvernement de l’état canadien évoque dans un communiqué « la plus grande expansion en termes de choix et de commodité pour les consommateurs depuis la fin de la prohibition, il y a près de 100 ans ». Concrètement, le réseau de distribution sera élargi avec jusqu’à 8 500 nouveaux magasins, épiceries et grandes surfaces participantes de la province. En revanche, la commercialisation des spiritueux restera, elle, sous l’égide du monopole provincial. « Il n’y a aucune raison pour que les consommateurs ontariens ne puissent pas bénéficier de la même expérience d’achat que les Canadiens de toutes les autres provinces lorsqu’ils veulent se procurer du vin pour une réception ou une caisse de bières ou de sodas alcoolisés en se rendant au chalet », a déclaré le premier ministre Doug Ford. Son gouvernement a décidé de ne pas renouveler l’Accord-cadre général qui arrive à son échéance le 31 décembre 2025 et qui limitait le nombre de magasins de détail autorisés à vendre des boissons alcoolisées.
Dans le cadre de ces décisions, le gouvernement annonce que « l’Ontario mettra en place des prix concurrentiels pour tous les détaillants privés afin de favoriser la concurrence et d’offrir des prix plus avantageux aux consommateurs ». Pour que les consommateurs dans les zones rurales ou excentrées ne soient pas pénalisés, les magasins de détail du LCBO maintiendront des prix uniformes dans toute la province, et les détaillants auront la possibilité de fixer des prix promotionnels conformément à la réglementation en vigueur. Cela, sachant que la politique de prix minimums restera en vigueur « afin de maintenir des normes de consommation responsable ». Parmi les autres mesures prévues, la province supprimera des restrictions sur les formats d’emballage sur les bières, cidres et boissons prêtes à boire, et apportera aux producteurs locaux un soutien pour faciliter la transition vers un marché plus ouvert.
Dans ce contexte, le Programme de soutien aux vins labellisés VQA (Vintners Quality Alliance) sera amélioré à partir de 2024-25, pour une durée maximale de cinq ans allant jusqu’à 2028-29, afin de soutenir la croissance et la vente des vins VQA élaborés en Ontario. Le Fonds de commercialisation du vin et le Programme d’aide aux petites cidreries et distilleries sera prolongé pour une durée maximale de cinq ans, une concertation autour de la filière vitivinicole qui réunira des représentants du gouvernement et des partenaires du secteur sera mise en place, et surtout, un projet de loi sera déposé dans le but d’éliminer la taxe de base de 6,1 % sur le vin commercialisé dans les établissements vinicoles. Pour cette dernière mesure, qui reste soumise au vote, il s’agit d’une demande forte du secteur qui s’estimait pénalisé par rapport aux autres secteurs viticoles du pays.


Du côté du LCBO, celui-ci restera « le grossiste exclusif de tous les détaillants, bars et restaurants qui vendent de l’alcool et offrira aux consommateurs un vaste éventail de produits, y compris des boissons locales et importées. Cette structure continuera à offrir les avantages du pouvoir d’achat et des économies d’échelle du LCBO à l’échelle mondiale », note le gouvernement ontarien. Celui-ci va poursuivre ses discussions avec la filière des boissons alcoolisées dans la province et entend procéder « à un examen plus approfondi des taxes et des frais sur la bière, le vin et les boissons alcoolisées, dans le but de promouvoir un marché plus compétitif au profit des producteurs et des consommateurs de l’Ontario ». Pour sa part, le PDG de Wine Growers Ontario, Aaron Dobbin, a estimé que « le secteur vinicole de l’Ontario célèbre aujourd’hui l’une des plus belles journées qu’il ait connues depuis des décennies ».
D’autres provinces ont déjà au moins partiellement libéralisé la vente de boissons alcoolisées. C’est le cas de l’Alberta, de Saskatchewan et de la Colombie Britannique. Au Québec, les épiceries sont autorisées depuis 1978 à vendre des vins, mais il s’agit notamment de « vins de table, sans indication d’origine, embouteillés au Québec et vendus sous une marque exclusive », comme le rappelle la porte-parole de la SAQ, Geneviève Cormier. « La notion de marque exclusive est définie par le fait qu’il doit s’agir d’une marque nouvelle qui ne porte confusion avec aucune autre et qui identifie un vin dont le premier embouteillage a été effectué au Québec. [Les titulaires de permis d’épicerie] sont également autorisés depuis 2016 à vendre des vins de production artisanale, soit faits au Québec ». Quant à l’élargissement de la vente de boissons alcooliques, Geneviève Cormier rappelle qu’il « s’agit d’une décision politique et il ne revient pas à la SAQ de la commenter ».