i elle a d’abord déroulé le fil d’une histoire de rendez-vous manqués, l’inauguration du nouvel espace Vinalia, au siège du syndicat des vins IGP pays d’Oc, vient d’être finalisée ce jeudi 30 novembre dans le prolongement de la visite du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau au salon Sitevi voisin. Livré en mars 2020, à la veille du premier confinement, le bâtiment n’avait pu être investi par les services du syndicat IGP pays d’Oc qu’en juin 2020. Du ministre précédent Julien Denormandie à l'actuel Marc Fesneau, l’histoire de son inauguration aura donc duré plus de 3 ans, de contraintes pandémiques en impondérables et autres remaniements ministériels.
Tel un vaisseau flottant aux abords de l’historique siège du domaine de Manse, aux portes de Montpellier, le bâtiment de 1 352 m² accueille, aux dires du président du syndicat Jacques Gravegeal, « la plus grande salle de dégustation du monde », avec ses 81 postes de dégustation pour 20 000 échantillons dégustés chaque année. Saluant « l’auto-financement du bâtiment par les vignerons », le ministre de l’Agriculture a tenu à rappeler les messages forts qu’il a pu marteler à l’intention de la filière depuis la réunion avec elle à Montpellier. Avant qu’il ne prenne la parole, Jacques Gravegeal avait en effet soigneusement énuméré nombre de griefs portés par un secteur d’activité « qui a fait descendre 5 000 vignerons dans les rues de Narbonne, mêlant la colère à l’incompréhension et la détresse ».
« J’ai retenu le degré d’urgence et suis conscient de cette crise majeure, assez inédite dans sa combinaison d’ampleur et de puissance », a bien appuyé un ministre qui salue en outre « les viticulteurs pour la dignité dont ils ont fait preuve à Narbonne pour envoyer un message fort sans débordement ». Entre mesures conjoncturelles de soutien aux trésoreries et structurelles pour porter l’application de l’arrachage différé, le ministre de l’agriculture a également rappelé le poids incontournable « d’une filière vins et spiritueux qui génère 17,2 milliards € de chiffre d’affaires pour la France, et qui repasse devant le secteur aéronautique ». Les IGP pays d’Oc jouant un rôle essentiel dans ces performances, en composant « la première IG française en volume, à l’export et en production de vins rosés ».
Si l’urgence palpable est bien enregistrée par le ministre, il a jugé nécessaire de rappeler à tous combien le travail à l’échelle européenne est la clé pour remettre viticulture et agriculture françaises dans des rails d’avenir. « Le chemin vers le pacte vert de décroissance est toxique si la finalité empêche l’Europe de se nourrir elle-même », a lancé Marc Fesneau. Au-delà de la symbolique du seul glyphosate, il a rappelé « la gravité de l’interdiction de molécules chez nous qui restent autorisées chez les autres ». Interpellé par Jacques Gravegeal sur l’application de la loi Egalim dans le contexte de prix des vins trop bas face à l’inflation, le ministre a renvoyé la filière vin à « son choix de ne pas être intégrée dans ce processus Egalim, mais sachez que tout peut se rediscuter ».


Soulignant enfin l’enjeu majeur d’une bataille majeure à gagner vis-à-vis de l’opinion, le ministre a mis l’accent sur l’incompréhension « d’une situation où la population juge normale et acceptable l’augmentation de 30 % des prix de smartphones à cause de l’inflation, alors que c’est un produit dont on s’est passé pendant 2 000 ans, contrairement à notre alimentation, indispensable ». Dans le même temps, les consommateurs et metteurs en marché jugent inacceptables des augmentations de prix sur l’offre alimentaire ou les vins alors que les charges de production augmentent, « car ce qui a un coût a un prix ! ».
Au moment de conclure, le ministre de l’agriculture ne manque pas de saluer « une terre vigneronne languedocienne qui a déjà traversé des crises, mais qui a surtout su rebondir sur celles-ci en bousculant le statu quo et les règles : orientation vers les cépages, restructuration qualitative du vignoble ont été des choix forts qui ont pu faire des dégâts, mais relancé la pérennité de votre vignoble. Vous avez dépassé ces difficultés par l’alignement de votre collectif, c’est votre force face à cette nouvelle crise ».