Au printemps, le Japon connaît des cumuls pluviométrique exceptionnels : plus de 300 mm de moyenne en juillet. Dans ces conditions, aucun vigneron ne prend la protection à la légère. "Au domaine, nos raisins de cuves sont protégés par des bandes de tissu synthétique qui courent le long du rang, au dessus des grappes. Quant aux raisins de table, nous les protégons même individuellement : chaque grappe a une sorte de chapeau!", dévoile le vigneron Shigeyuki Kusunoki. Des pratiques courantes dans le pays.
Les variétés issues de Vitis vinifera ne sont pas l'alpha et l'oméga de la viticulture nippone, qui cultive nombre d'autres sous-espèces, essentiellement américaines. En rouge, la variété la plus plantée est le muscat Bailey A, un croisement interspécifique entre le muscat de Hambourg et un hybride américain. Le Concord (Vitis Labrusca) arrive en troisième position. En blanc, le Niagara, autre Labrusca, est la seconde variété la plus plantée. Précisons que ces statistiques comprennent raisins de cuve comme raisins de table.
Si le gros de la production française est faite d'assemblages, la pratique n'existe pratiquement pas au pays du soleil levant. Pour la représentante de la Woody Winery, trois raisons à cela. "C'est logique pour une viticulture naissante comme la notre, en phase de rodage, qui teste encore les bonnes combinaisons entre terroirs et cépages. Par ailleurs, le monocépage est plus lisible commercialement pour les consommatzurs japonais, pour la plupart néophytes." Enfin, "la viticulture bourguignonne, très appréciée chez nous, nous inspire probablement". Outre le traditionnel Koshu (variété indigène), on trouve au Japon beaucoup de chardonnay, sauvignon, merlot, cabernet sauvignon, zweigelt et pinot noir. L'absence de système d'AOC laisse libre cours à l'expérimentation.
Relativement marginale en France, la macécation peliculaire des blancs est particulièrement appréciée – et maîtrisée – au Japon. Dans des vignobles généralement frais, "elle permet à la fois d'extraire davantage de matière, tout en recherchant une aromatique assez prisée des palais japonais", témoigne Kazuhisa Nishimura, du château Mercian. "C'est une technique que l'on raisonne selon le millésime et le cépage", ajoute Toshihiro Ike, du vignoble Nagomi. "En 2021, nous avons pratiqué 10 jours à 3 semaines sur nos sauvignons".
"Nous avions peur que le salon passe inaperçu à Beaune, mais nous avons finalement reçu plus de 400 visiteurs, pour la plupart professionnels", s'est réjouit Genki-Motoki Iwasaki, organisateur, à l'issue de son salon. Revers de la médaille : certains échantillons étaient épuisés en seconde partie de journée. "Ce succès nous encourage à organiser ce salon annuellement", annonce l'étudiant en DNO à Dijon, qui souhaite à terme revenir au Japon pour y devenir vigneron.