oup de semonce sur la politique d’achat des négociants languedocien. Envoyée vendredi 20 octobre à une large base de courtiers et de négociants, la lettre du Syndicat des Vignerons de l’Aude (SVA) montre que l’heure n’est décidément plus aux échanges, mais aux mises en garde. « Ce courrier a été adressé à tous les acheteurs de vins, sans aucune distinction, pour vous signaler une forte demande du terrain » introduit le mail du SVA consulté par Vitisphere, précisant que « si vous n’êtes pas concerné par les achats évoqués dans la lettre, nous vous en remercions. Pour ceux qui sont concernés, merci de mettre en pratique dès réception de cette demande. »
S’adressant « à tout acheteur de vin, sans aucune distinction », le courrier signé par Frédéric Rouanet sollicite « l’arrêt total des achats de vins venant d’autres régions ou pays étrangers tant que les vins de notre département ne seront pas vendus à un prix rémunérateur, soit le prix de2020, en prenant en compte l’inflation des dernières années. » Une demande déjà portée lors des dernières prises de parole du président du SVA, en meeting ou manifestation, mais prenant clairement ici le ton du coup de semonce, pour ne pas dire de la menace : « nous ne manquerons pas de réaliser des contrôles pour vérifier le respect de cette demande. Nous serons très vigilants… » Audois, et à l'œil ?
Après l’incendie d’un embouteilleur par le Comité d’Action Viticole ce 5 octobre et la casse/vidange de vins espagnols ce 19 octobre pendant la manifestation "Paix dans le Midi viticole" du SVA, ce courrier fait sortir de ces gonds l'Union des Maisons & Marques de Vin (UMVIN), qui martèle dans un communiqué que toute la filière vin est dans le même bateau. « L’ensemble de la filière vitivinicole est touché à la fois par un environnement géopolitique et économique particulièrement défavorable et par des évolutions profondes et durables des modes de consommation » indique la fédération nationale des négociants, pour qui « s'il faut réfléchir à la façon d'accompagner les situations de grande fragilité, cela ne peut pas se faire en tournant le dos à la réalité du marché et des choix que font nos consommateurs, que ce soit par nécessité ou par goût » (entre déconsommation française exacerbée en 2023, décroissance des exportations françaises en volume et valeur, repli des importations de vins espagnols…).
Pour les négociants, « il faut plus que jamais faire preuve de responsabilité et de raison » et ne pas céder à l’affrontement. Pour relancer la filière vin, « cela ne peut pas se faire en menaçant les acheteurs et en montant une partie de la filière contre l'autre. Cela ne peut pas se faire en menant une fois de plus des attaques contre des camions espagnols à la frontière, dans un schéma trop récurrent et qui a fait la preuve de son inefficacité » plaide l’UMVIN. Préférant les réflexions collectives de temps long aux coups de sang sans alternatives, le communiqué condamne « ceux qui appellent à l'action violente, en jouant sur les difficultés et les émotions d'une minorité désemparée, sont les mêmes qui conduisent la filière tout entière à l'échec. Nous ne pouvons l'accepter. » Et appelle les pouvoirs publics à « jouer son rôle, sans complaisance et sans faiblesse, pour faire valoir le droit, la protection des biens et des personnes ainsi que la libre circulation des produits sur le territoire de la République ».
Un temps prévue ce mardi 24 octobre, une réunion entre les représentants de la production et du négoce dans le Languedoc est finalement annulée. L'Union des Entreprises Viticoles Méditerranéennes (UEVM) indique à Vitisphere préférer des échanges au sein des interprofessions, comme validé avec les Vignerons Coopérateurs d'Occitanie. De prochaines discussions soumises à de possibles actions de vignerons contre des metteurs en marché. Le SVA prévoit une nouvelle manisfestation à Narbonne le samedi 25 novembre, sans s'interdire d'autres actions auparavant.