lors que le sujet des importations françaises de vin en vrac, notamment espagnol, cristallise les passions, particulièrement dans l’Aude, voici un point statistique. Sur le premier semestre 2023, la France a importé 3,1 millions d’hectolitres de vins (-3 % par rapport au premier semestre 2022), dont 1,9 millions hl de vins espagnols (-6 %) d’après les données douanières compilées par Business France. Concentrant 65 % des importations françaises de vin en volume, l’Espagne atteint son plus bas niveau d’expéditions sur les dix dernières années (le point haut ayant été atteint en 2016 avec 2,9 millions hl). Actuellement, « la France a toujours des difficultés à satisfaire la demande en vins SIG, à la fois sur son propre marché, mais aussi sur ses marchés d’exportation, par manque de disponibilités de vins entrée de gamme » analyse la direction des marchés, études et prospective de l'établissement national des produits de l'agriculture et de la mer (FranceAgriMer), pointant que « les importations sont en nette baisse pour le gros vrac, mais progressent de 20 % pour le petit vrac », alors que « les vins effervescents connaissent toutefois une croissance importante de leurs volumes (+ 13 %), soutenue par les importations de Prosecco (+ 21 %) qui poursuivent leur développement et sont désormais majoritaires sur l’ensemble des importations de vins effervescents de la France (52 % de PDM) ».
Atteignant 408 000 hl (+8 %), les vins italiens pèsent pour 13 % des volumes, mais explosent en valeur : 123 millions € (soit 27 % du chiffre d’affaires). Alors que les vins d’Espagne restent deux fois moins valorisés en moyenne : 115 millions € (+1 %, pour 25 % du total). Il faut dire que le prix du vrac espagnol est particulièrement bas : 42 €/hl (stable par rapport à 2022, mais en hausse par rapport à 32 €/hl en 2021), quand il est de 66 €/hl pour les vins italiens ou sud-africains. A l’origine de ce développement valorisé Italien : « les vins mousseux italiens composé à 75% de Prosecco (130 000 hl, +16 %), qui boostent les importations de vins effervescents en France, loin devant les mousseux espagnols composés à 90% de Cava (34 000 hL, +4 %) et les vins mousseux allemands (14 000 hl+20 %) » explique Adrien Boussard, conseiller sectoriel pour les vins et chez Business France. Dans le fond, les importations françaises se réduisent sur le vin tranquille en vrac (2,2 M Hl en 2023, -5% par rapport à 2022), mais la demande hexagonale augmente pour les vins embouteillés (+10 000 hl sur les vins tranquilles par rapport à 2022, soit +2 %, +20 000 hl pour les effervescents, soit +13 %, +15 000 hl sur les BIB, soit +21 %). Le vin importé en vrac représente toujours 72 % des importations totales de vin en France.
Spécialiste espagnol du vin en vrac, Rafael del Rey le directeur général de l’Observatoire Espagnol du Marché du Vin (OeMV), confirme « une diminution des importations de vin en vrac en France depuis 2016 » (sur les chiffres annuels, voir graphique ci-dessous), mais la temporise : « cette diminution n'est pas continue : une certaine augmentation a eu lieu en 2108 et également l'année dernière en 2020. Le problème avec le commerce en vrac est qu'il est très dépendant de la disponibilité du vin (et des récoltes) dans chaque pays, ainsi que de l'évolution relative des ventes pour chaque pays. » Avec la déconsommation française et les stocks croissants de vins rouges, il est sûr que la demande hexagonale n’est pas florissante.
Pour les importations françaises de vin en vrac, « l’évolution dépend du fait que la France ait besoin ou non de plus de vin que ce qu’elle produit, du fait que la récolte du vin en France ait été bonne ou non, du fait que les prix des vins en France soient élevés ou non, et du fait que l'Espagne trouve ou non de meilleurs marchés pour ses vins » analyse Rafael del Rey, pointant que si « la question est de savoir pourquoi la France importe toujours plus de 4 millions d’hectolitres en vrac, alors qu’elle se plaint d’une offre excédentaire, alors la réponse a beaucoup à voir avec les différences entre les régions et entre les prix de ce qui peut être vendu plus ou moins facilement. Quels vins sont en excès ? Quels prix ont le moins de difficulté à être vendus ? » Mais comme le souligne Adrien Boussard, « là où c’est plus difficile, c’est d’estimer la part de vrac espagnol servant à produire des Vins de la Communauté Européenne (VCE) pour la consommation nationale française, la part de vrac espagnol servant à produire des VCE pour la réexportation et la production française de VCE à partir de la production locale française » reconnaît Adrien Boussard.
Pour l'avenir des importations françaises de vins espagnols, direction des marchés, études et prospective de FranceAgriMer reste prudent : « sur Juillet 2023, les importations de vins espagnoles connaissent une forte hausse à la fois en volume et en valeur. Néanmoins, en volume, cette hausse est fortement lissée sur le cumul depuis le début d’année.Les données d’août n’étant pas disponibles à date, il est précoce de dire s’il s’agit d’un retour à la hausse des importations espagnoles ». Mais comme « la récolte 2023 annoncée pour l’Espagne laisse entendre des volumes en baisse de 3 % par rapport à la vendange 2022 qui était en recul par rapport à 2021 (- 6 %) , ce qui est peu propice à une hausse marquée des exportations espagnoles » avance FranceAgriMer.