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Le Midi viticole en ébullition appelle à la manifestation
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Dé(prix)se du vin
Le Midi viticole en ébullition appelle à la manifestation

Avant une manifestation régionale d'ampleur, les vignerons audois se rassembleront pour une première action le jeudi 19 octobre à Narbonne. Les prix du vin trop bas et une situation économique défavorable essorent une profession viticole audoise qui vient encore de traverser un millésime éprouvant, entre mildiou à l'ouest et sécheresse littorale.
Par Olivier Bazalge Le 18 octobre 2023
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Le Midi viticole en ébullition appelle à la manifestation
Responsables de la coopération, des Vignerons indépendants et des Jeunes agriculteurs font front commun aux côtés du syndicat des Vignerons de l'Aude pour appeler le gouvernement à adopter des solutions face à la crise viticole - crédit photo : SVA
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00 ? 500 ? Combien étaient-ils hier soir au sein d’un espace culturel de Ferrals-des-Corbières plein comme un œuf, à se frayer une place comme ils pouvaient dans les escaliers ou les coursives de la salle de spectacles, pour applaudir l’appel à manifestation vigneronne lancé par le président du syndicat des vignerons de l’Aude Frédéric Rouanet ? « Faites savoir à Paris que les honnêtes travailleurs que nous sommes ont décidé de se révolter ! Que la sourde oreille dont fait preuve le gouvernement ne fait qu’amorcer une bombe prête à exploser ! », tonnait même le leader syndical à l’intention des deux officiers du renseignement territorial présents dans la salle. Avant une manifestation inter-départementale d’ampleur promise pour les semaines à venir, c’est par l’annonce d’un premier rendez-vous dès jeudi 19 octobre à 8h, à Narbonne, que Frédéric Rouanet achevait une intervention aussi intense qu’habitée.

Devant un parterre garni d’élus locaux, de représentants de la coopération du Gard, de l’Hérault, des Pyrénées-Orientales et même du Vaucluse ou la Drôme, les présidents des Vignerons coopérateurs d’Occitanie Ludovic Roux, des Vignerons indépendants de l’Aude Alexandre They, et des Jeunes agriculteurs de l’Aude Fabien Mariscal siégeaient à la tribune aux côtés de Frédéric Rouanet. La symbolique du front commun est claire, pour appuyer l’unité des revendications d’une profession « dans une situation grave, et qui ne veut pas accepter l’immobilisme », tance Ludovic Roux.

Le négoce doit tenir compte du désarroi de la production et ajuster ses prix

Successivement, ce dernier et Alexandre They dressent un point de situation économique sans ambiguïté. Malgré les efforts qualitatifs, les aléas climatiques, les adaptations aux contraintes de production, les prix d’achat des vins en vrac sont trop faibles pour atteindre la rentabilité, « et même les sorties de vins en bouteilles ne font que diminuer », déplore Alexandre They. Le rôle des négociants est au cœur des crispations depuis plusieurs semaines. « Le négoce doit tenir compte du désarroi de la production et ajuster ses prix d’achat à la hausse », avertit Ludovic Roux.

Salle plus que comble pour cette réunion de vignerons - SVA

 « Comment envisager la simple idée de transmission de nos exploitations à nos enfants dans ces conditions ? », enchaîne Alexandre They. Dans un département audois où la viticulture est, avec le tourisme, au centre de l’activité économique et sociale, Fabien Mariscal déplore la chute libre des installations de jeunes viticulteurs depuis 3 ans. « Cette année, c’est zéro installation ! Il faut un plan Marshall pour sauver la viticulture dans l’Aude. S’il faut mettre le feu au département pour être écouté, nous le ferons, et s’il faut aller à Paris, nous irons ! », tonne le leader des JA audois sous les applaudissements nourris. Le président du syndicat des vignerons de l’Aude enchaîne alors en égrenant la longue liste de mesures conjoncturelles et structurelles déjà adressées par la profession lors des tournées de vendanges des préfets départementaux.

Paix dans le Midi viticole

Outre l’arrachage temporaire et la possibilité de sortir dignement pour les vignerons épuisés ou âgés, une aide massive pour le changement climatique, plaçant l’Aude en département test, est réclamée. Mais le prix du vin demeure au centre de toutes les préoccupations. « Tant que nos revendications ne seront pas prises en compte, chacun devra prendre ses responsabilités sur des troubles viticoles à venir », avertit donc Frédéric Rouanet. En appelant à une intervention du gouvernement (lire encadré) et « face à des acheteurs qui pensent pouvoir se gaver sur l’autel de la viticulture », le président du SVA appelle les vignerons à ne pas rester les bras croisés et manifester en nombre, « déterminés, organisés et disciplinés ». Le 1er rassemblement, jeudi 19 octobre, sera intitulé ‘Paix dans le Midi viticole’, « car il n’est pas de la folie pour un homme de faire la guerre pour obtenir la paix », assène Frédéric Rouanet. Alors que certains anciens ayant connu Montredon en 1976 sont assis dans les premiers rangs, des « farem tot petar » (on va tout faire péter, ndlr), ou « il y aura le feu jeudi soir » jaillissent alors de l’assistance. Le décor est planté pour une insurrection viticole régionale qui ne dit pas encore son nom.

 

Le vignoble audois appelle la 1ère ministre à venir prendre le pouls

Dans un courrier commun, la présidente du département de l’Aude Hélène Sandragné, deux sénateurs de l’Aude, le président de la chambre d’agriculture ainsi que ceux des Vignerons indépendants, des vignerons coopérateurs d’Occitanie et du syndicat des vignerons de l’Aude, invitent la première ministre Elisabeth Borne à se rendre sur leur territoire pour « évoquer les pistes et solutions possibles » d’une filière qui en veut pas « revivre les heures sombres de la viticulture du Midi ».

Enumérant les difficultés croissantes rencontrées par la filière, doublées d’une année culturale marquée par les deux crises majeures (mildiou et sécheresse) qui ont sévi dans un département partagé entre ses climats méditerranéen à l’est et océanique à l’ouest, les auteurs alertent Elisabeth Borne sur « le devenir économique compromis de structures viticoles déjà fragilisées par les épisodes de gel et de grêle des dernières années ». Très alarmiste, cette invitation ajoute que le défi de la filière viticole « n’est plus de surmonter une crise que certains prétendent conjoncturelle, mais tout simplement d’assurer sa survie à court terme ». L’ensemble des signataires se tient à disposition de la première ministre pour présenter l’ensemble de dispositifs qui existent, certains à réformer, d’autres à inventer pour sauver la viticulture départementale et plus largement régionale.

 

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Tous les commentaires (3)
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Hype Le 19 octobre 2023 à 11:15:52
Sur le long terme, la solution est ultra simple: abolition de la taxe foncière sur le non-bâti, fiscalité successorale abolie sur l'outil de travail, formalités ultra-simplifiées notamment sur le plan comptable afin de pouvoir la réaliser soi-même ou avec peu d'aide (plus besoin d'expert-comptable pour les TPE à 10'000 euros TTC/an!), un droit du travail et un droit social ultra-allégés, favorables au travail: fini les profiteurs du système, finies les licenciements impossibles; tous au travail selon ses capacités. Et enfin: finies les dégustations systématiques IGP (un vin vrac vendu au prix du marché = label automatique) et surtout finies les appréciations subjectives des commissions de dégustation (un vin de grenache noir n'est pas un jus de framboise...) et enfin des cahiers des charges cohérent pour que le consommateur s'y retrouve: on ne peut plus avoir un AOP à 3 euros et un IGP à 30 euros! Avoir confiance en chaque vigneron, lui restituer du temps administratif en temps commercial pour aller vendre ses vins et non le contraindre par des schémas favorisant les abus. En échange: plus de subventions, plus de PAC, plus de PCAE bidons. En 3 ans, la viticulture est sauvée et dans 7 ans, elle prospère.... Malheureusement sur le court terme et vu l'état des finances des domaines, il va falloir purgé très rapidement le passé ultra-interventionniste et parfois trop complaisant: arrachages massifs et distillation massive subventionnés et surtout sans pénalités de PAC rétroactives et autre tour de passe-passe pour récupérer, voire faire du profit, sur la récupération des subventions accordées....
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Debu Pierre Le 18 octobre 2023 à 14:43:53
Metez vous au bio. Si c'était le cas de toute la viticulture française ce serait un argument d'exportation qui lamminerait la concurrence.
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Dumas Le 18 octobre 2023 à 12:57:24
D'ici 2030,2035, il n'y aura plus de marché pour le vrac de vin rouge tranquille issue des plaines du Languedoc. C'est mesuré, acté, constant , inéluctable. Pourquoi Rouanet viticulteur ne mesure pas ce fait évident avec sa casquette de syndicaliste. Il faut changer de culture. Transformer cette fillière de vrac rouge quantitatif en une production industrielle porteuse d'avenir pour un marché ultra déficitaire en France relativement à la demande : l'Amande". Certes c'est un énorme chantier pour l'avenir des viticulteurs et de leur descendance, des politiques élus, des investisseurs nougatiers et autres, des techniciens des chambres de commerce et d'agriculture, de l'AgriMer de l'INRA.. mais avec du courage tout est réalisable. Sauf que le courage fait défaut aux décideurs politiques accrochés au "pas de vague".
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