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"Le négoce n'a aucun intérêt à ce que les prix du vin s’affaissent" en Languedoc
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Dur dialogue
"Le négoce n'a aucun intérêt à ce que les prix du vin s’affaissent" en Languedoc

Responsables syndicaux et de filière se réunissent ce jour pour évoquer la situation économique d'un bassin inquiet de prix à la baisse. Les syndicats de la production critiquent un négoce qui ne veut pas être le bouc-émissaire d'une crise liée à de multiples facteurs.
Par Olivier Bazalge Le 10 octobre 2023
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Le négoce languedocien refuse la responsabilité d'une crise et milite pour des prix viables. - crédit photo : O.Bazalge
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e ne m’assiérai pas à la table de ceux qui sont en train de tuer la viticulture méridionale » annonce un communiqué. Aussi concis que cinglant, le président du Syndicat des Vignerons de l’Aude Frédéric Rouanet appuie en une phrase la défiance de la partie de la production qu’il représente à l’encontre d’un négoce régional qualifié de « profiteur de crise, sans aucun scrupule ». Il n’assistera donc pas, ce mardi 10 octobre, à la traditionnelle réunion d’après vendanges entre les différents opérateurs de la filière, dont le négoce. Ces derniers jours, autant les organisations de la coopération que les Vignerons Indépendants avaient déjà averti d’une nécessaire prise de responsabilité du négoce dans le maintien de prix d’achat corrects à la production à l'occasion de la visite de terrain du préfet.

« Des prix du vrac bas sont injustifiables alors que les prix au consommateur n’ont pas baissé, c’est de la prédation », avait lancé le président des Vignerons indépendants Jean-Marie Fabre. « Les négociants doivent faire des efforts sur des prix supérieurs au coût de revient, sinon on va perdre toute une partie de nos producteurs. On va durcir le ton car le producteur n’est pas la variable d’ajustement », avait rappelé Ludovic Roux, président des vignerons coopérateurs d’Occitanie.

Maintenir des prix viables pour la production

« Alors que l’Aude va connaitre sa deuxième récolte la plus faible de son histoire, le négoce profite de la crise pour tirer les prix vers le bas en faisant pression sur les vignerons acculés par une succession de crises et de sinistres. Les prix annoncés sont complétement délirants et déconnectés du coût réel de production », enchaîne de son côté Frédéric Rouanet. Jugeant que le négoce, coopératif ou privé, « est en grande partie responsable de la situation actuelle », le président du syndicat estime que celui-ci « devra répondre, un jour, de son comportement ». Pour le syndicat, le négoce ne joue pas son rôle en ne se tenant pas « aux côtés des viticulteurs, pour des échanges constructifs et intéressants ».

« Dans une situation de crise, c’est facile de désigner un bouc-émissaire. Le négoce a bon dos et contrairement à ce qui peut être dit, nous n’avons aucun intérêt à ce que les prix du vin s’affaissent, il en va de la survie de nos entreprises », rétorque de son côté Gilles Gally, président du syndicat des négociants languedociens, l'Union des Entreprises Viticoles Méditerranéennes (UEVM). Soulignant qu’entre déconsommation, inflation, pertes de marchés, arbitrages des consommateurs en défaveur du vin, la crise actuelle tient à de multiples facteurs, et Gilles Gally préfère répéter « la volonté de l’ensemble des membres de l’UEVM de maintenir des prix viables pour la production ».

Offres au rabais

Soulignant que « sans union, on perd des volumes de production, mais aussi des metteurs en marché, des courtiers, des opérateurs à tous les étages », Gilles Gally affirme « la volonté de dialogue constructif avec l’ensemble de la filière » de la part des membres de son syndicat. Il souligne même qu’au regard des dernières informations interprofessionnelles « le prix moyen des AOC du Languedoc s’est maintenu lors de cette campagne, lorsque celui des pays d’Oc n’a que légèrement diminué ». Le président de l’UEVM connaît néanmoins la vie du marché et a bien conscience qu’en ces temps où tous les vins souscrits à la distillation ne pourront bénéficier de la mesure, « il y a nécessairement des offres au rabais que certains vignerons finissent par accepter, pour ne pas garder des vins sur les bras, mais cela reste des épiphénomènes qui ne proviennent en aucun cas de nos membres ».

Pour l’UEVM, ces offres de prix trop basses ne reflètent pas les cours globaux, « mais elles peuvent tirer le reste vers le bas », concède Gilles Gally. L’UEVM milite donc pour des solutions collectives « au sein des interprofessions, le seul endroit où l’on est en mesure de créer des outils d’ajustement efficace de l’offre à la demande », appuie Gilles Gally. GPS, BIC, promotion vers les pays export, hiérarchisation de l’offre, l’UEVM milite pour des solutions déjà connues. Pas sûr que cela recueille l’approbation de toute une frange de la production qui attend des engagements fermes sur des prix planchers de contractualisation.



 

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Tous les commentaires (3)
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augustin Le 19 décembre 2023 à 05:21:22
bonjour à tous 2 mois plus tard hélas la situation n à pas changé côté negoce et notamment à Bordeaux La belle mécanique de synergie entre petits châteaux et negoce à ralenti puis s est arrêtée du fait du negoce Celui ci s est focalise sur les produits haut de gamme à fort potentiel spéculatif au détriment du reste des producteurs . Il faut ajouter que certains de ces producteurs , peu scrupuleux , n ont pas hésité à forcer la main des négociants sur des millésimes récents au rapport qualité prix douteux. Chantage a l allocation pour les millésimes suivants , "offre en bouquets " de plus en plus musclee et donc assimilable à de la vente liée, l abus de position dominante prolifère au vu et au su de tous .Ce sans que l autorité de la concurrence soit encore saisie , omerta oblige. Certains marchés étrangers rebondissent notamment aux usa mais ceci ne beneficie qu au negoce , qui privilégié ses destockages de la production ses propres domaines viticoles , tant qu il ne s agit pas des seconds troisièmes ou quatrièmes vins des grands crus ( pour lequel il a été passé à la moulinette des primeurs il y a peu). Grands crus et négociants sont ainsi pris dans une étreinte qui sera fatale à la filière bordelaise si rien n est fait avant le printemps 2024 ... A ce jour le civb nous annonce une nouvelle campagne de pub inspireee des super héros de comic strip américains ... Le ridicule ne tue plus en ce debut de siècle, et en voici une nouvelle preuve. Le bateaux à heurte un iceberg et on continue à aligner les transats sur le pont... On connaît la suite hélas et le compte rendu de la dernière AG du civb en date du 11 décembre est d une vacuité effrayante.
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louis julian Le 18 octobre 2023 à 13:36:52
Bonjour Dumas , si tu étais agriculteur tu comprendrais que changer de culture et de façon de commercialiser prend du temps . les agriculteurs sont souvent conservateurs par mimétisme et peur de l'inconnu .. Dire aux vignerons d'arracher leurs vignes pour les remplacer par des amandiers ou pistachiers c'est les envoyer au casse pipe car il n'y a pas de marché . Contemporain des évènements de Montredon en 1976 , j'ai choisi de me passer d'intermédiaire pour vendre mon vin ; ça prend du temps pour coller aux désirs des clients , le résultat est qu'aujourd'hui nous sommes épargnés par la crise et que notre souci est plutôt d'assurer les productions en raison de l'incertitude climatique ..
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Dumas Le 11 octobre 2023 à 10:01:05
Toutes les analyses convergent vers une prise de conscience objective et collective, et des action raisonnées pour l'avenir de cette filière en n'évitant pas la réalité de l'existant. Or c'est là ou le bât blesse. Aucun des acteurs regarde en face la déconsommation des vins rouges tranquille comme un effondrement durable de cette production. Chacun considère peu ou prou que "çà va passer" . Cà ne passera pas . Il faut cesser la productionquantitative au profit du qualitatif. Il faut admettre la fin de la production massive de vin rouge tranquille dans les plaines du Languedoc. Trop de facteurs condusisent à ce constat - déconsommation, changement climatique, intrants, eau, campagne anti alcoolique, désintérêt des - de 55ans pour le vin...-. Si les syndicats, les négociants, les acteurs de la vigne ne prennent pas conscience de l'impérative obligation de reconstruire autrement la filière vitivinicole , la crise de 1907 parssera pour une fête populaire eu égard à la flambée qui attend la profession. Il y a moyen de proposer d'autres cultures que la vigne à ceux qui seront touchés par cette réorganisation urgente. 2024 en sera le terme, après nous allons à l'explosion sociale. - pour info, je ne suis ni viticulteur, ni agriculteur. j'observe la société et ses torsions à venir-.
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