lors qu'au niveau européen la Commission et le Parlement simplifient l’obligation d’étiquetage des ingrédients et de la nutrition des vins, le député Richard Ramos (MoDem, Loiret), porte une proposition de loi pour complexifier les étiquettes avec l'obligation de « mentionner en évidence sur l’étiquette l’ajout de levures exogènes ». Partant du postulat que les consommateurs ignorent la composition du vin et l’ajout fréquent de levures par les vignerons, le député souhaite que le « consommateur ait connaissance des produits composant la boisson alcoolisée qu’il choisit ».
Une position partagée par Didier Fages, président de l’Union des Œnologues de France. « Je suis atterré par cette proposition au moment même où une réglementation européenne sur l’étiquetage se met en place. Les levures ne sont pas des additifs, elles ont été définies par la réglementation comme auxiliaire technologique étant donné qu’elles ne subsistent pas dans le produit final. A ce titre, elles sont donc exemptes de toute mention lors de l’étiquetage ». A ces propos, Stéphane La Guerche, directeur général d’Oenoppia, ajoute que « les levures "exogènes" sont simplement des levures indigènes sélectionnées pour leurs capacités fermentaires optimales et la révélation de précurseurs aromatiques existants ».


Pour d’autres, à l’image d’André Fuster, œnologue passionné de microbiologie, sous prétexte d’informer le consommateur, cette proposition de loi ne vise qu’à l’effrayer sous couvert de mouvance naturaliste et d’arguments infondés. « Car dans ce cas, quid des vignerons qui utilisent des pieds de cuves ou des crèmes de levures sélectionnées chez eux ? Il ne suffit pas d’acheter une poudre pour obtenir l’aromatique que l’on souhaite. Les levures sont liées aux conditions de vinifications telles que la température, la nutrition azotée, définies par le vigneron et à la matière première, c’est-à-dire le raisin ».
Autre son de cloche au syndicat des vins "méthode nature", qui défend l’utilisation de levures indigènes dans sa charte d’engagement. Pour Gilles Azzoni, vigneron en Ardèche et secrétaire-adjoint de l’association, cette proposition est logique et nécessaire. « Mentionner la provenance des levures peut donner une indication au consommateur sur le style de vin, les techniques utilisées… Mais encore faut-il que ce dernier soit averti. Cela peut aussi permettre à certains vignerons de se démarquer. En revanche, je ne sais pas ce que cela peut apporter au consommateur lambda qui choisit son vin sur bien d’autres critères… ».