e président d’Inter Rhône, Philippe Pellaton l’a répété à plusieurs reprises depuis la présentation, en décembre 2022, du plan d’actions collectives 2035 de l’interprofession rhodanienne : la diversification des couleurs et la promotion des vins à l’export seront les pierres angulaires de ces ambitions à 10 ans. Pour rappel, Inter Rhône a voté l’augmentation de son budget annuel dédié à la promotion de ses vins à l’export, passant de 11 millions à 14 millions d’euros par an sur les quatre prochaines années, en s’appuyant sur les réserves et fonds interprofessionnels.
Cette partie promotionnelle du plan vient de voir sa première phase enclenchée en début d’été, avec la mise en route, en France et au Royaume-Uni, de l’évènement itinérant ‘la vie en Rhône’, centré sur les vins rosés et, exclusivement à l’étranger, ‘Rhône in white’, visant à « faire émerger la vallée du Rhône dans l’esprit des professionnels européens et nord-américains comme une grande région productrice de vins blancs », situe la communication d’Inter Rhône. Comme annoncé en décembre, les Etats-Unis, le Canada, la Corée du Sud, la Chine et Singapour sont les cinq pays qui seront prioritairement ciblés « avec un surinvestissement pour la promotion dans ces pays identifiés comme clés par leur potentiel de croissance pour nos vins ».
Si la communication et la promotion des vins rosés sera surtout portée par les AOC régionales rhodaniennes, celle des vins blancs « bénéficiera à elle seule d’une enveloppe de l’interprofession de 600 000 € par an pendant 4 ans pour avoir un impact conséquent à l’export », valide le président d’Inter Rhône. L’objectif affiché de production de 300 000 hl de vins blancs tranquilles (hors clairettes de Die) dans la vallée du Rhône en 2030 nécessitera environ 3 000 ha de surface de cépages blancs en plus, et ne devra pas être atteint n’importe comment. « 300 000 hl est un volume qui permet d’exister sur les marchés quand les 150 000 hl actuels ne sont pas suffisants », ajuste celui qui est président de l'union coopérative Maison Sinnae.
Philippe Pellaton insiste donc sur l’accompagnement indispensable du service technique de l’interprofession « pour maintenir des vins blancs d’assemblage correspondant aux trois profils identifiés et qui seront promus dans le plan export : vif et frais, fruité et gourmand, ou généreux et complexe ». Les plans triennaux de restructuration du vignoble permettront en outre de piloter la politique de plantation pour atteindre ces objectifs surfaciques et qualitatifs de production de vins blancs.
Du côté des vins rosés, la croissance semble avoir atteint un plafond et c’est bien la stabilité des volumes qui est recherchée du côté d’Inter Rhône. Seules les deux appellations régionales côtes du Rhône et côtes du Rhône villages, qui, cumulées, plafonnent à 100 000 hl de vin rosé depuis qqs années, « ambitionnent de doubler ce volume pour 2031, alors que les autres productrices de rosé du bassin : Ventoux, Luberon et Costières de Nîmes resteront stables », reprend Philippe Pellaton. A l’instar des blancs, « toute la diversité des vins rosés du Rhône s’articulera autour de deux profils, l’un plus délicat et l’autre plus généreux », rebondit Philippe Pellaton, pour lesquels l’interprofession propose aussi un accompagnement technique, « car plus qu’une stratégie volumique, c’est une stratégie qualitative qui est menée sur les rosés ».
Pour les vins rouges, enfin, le président d’Inter Rhône resitue « que la vallée du Rhône n’a pas pris de position sur l’arrachage », mais insiste là aussi sur la nécessité de proposer des profils de vins rouges assez corsés aux tanins bien fondus. « Ce n’est pas en faisant des vins rouges clairs et frais que l’on sauvera la viticulture rhodanienne, il faut maintenir une identité propre à nos vins », tranche-t-il. Comme il l’a déjà évoqué par le passé, le surstock d’environ 300 000 hl de vins rouges existant actuellement pour l’ensemble des appellations rhodaniennes est d’abord dû à un cumul de surstocks. « C’est avant tout un volume résiduel de moins de 10 % de notre production qui peut poser souci, auquel nous proposons de répondre par notre plan d’actions collectives. Je rappelle que la vallée du Rhône n’a pas distillé il y a deux ans », recentre le vigneron de Lirac.
Ce plan d’actions est engagé pour plusieurs années et le président d’Inter Rhône concède qu’il sera difficile de mesurer quantitativement les impulsions apportées par ce plan d’ici 2035. « Nous vendons aujourd’hui 35 % de nos volumes à l’export, nous visons d’atteindre les 50 % en 2035 », situe-t-il, « et nous pourrons néanmoins évaluer la qualité des opérations qui seront menées dans ce plan par la mesure du visitorat et le nombre d’opérateurs qui y adhèrent. Aujourd’hui ce plan est semé, en attendant de le voir germer en 2030 ».