’est le vaisseau amiral, acquis en 1973 par le baron Edmond de Rothschild, qui aujourd’hui bénéficie d’investissements conséquents. De fait, 18M€ viennent d’être injectés dans Chateau Clarke, 55 ha, AOC Listrac Médoc, 200 000 cols écoulés à 85% à l’export, le restant en CHR et aux particuliers. « Notre objectif est de rationaliser les processus de vinification et d’adopter des technologies avancées pour affronter les prochaines années » explique Boris Bréau, directeur général du pôle vin d’Edmond de Rothschild Héritage.
Ainsi un nouveau chai enterré, qui assure des économies d’énergie, étant naturellement protégé des variations de température, a été érigé. Il accueille une cinquantaine de cuves parcellaires. Chaque parcelle étant vinifiée séparément. De même, six cuvons permettent de réaliser une vinification par gravité. Enfin des canalisations assurent le passage du vin vers les barriques, là aussi par gravité. Ce qui évite d’utiliser des pompes.
A la vigne, des évolutions se sont également faites. Bordeaux Sciences Agro et Sovivins ont réalisé un audit sur les potentiels du vignoble, afin de sélectionner, parcelle par parcelle, les cépages, les porte greffes les plus adaptés, en tenant compte des effets du changement climatique, dans un objectif de restructuration à dix ans.
Depuis trois ans, l’éco pâturage a été adopté. De janvier à mars, des troupeaux de moutons broutent l’herbe. « Cela évite de passer de engins mécaniques sur nos sols argilo calcaire » indique-t-il. Depuis le millésime 2016, Fabrice Darmailllacq, le directeur technique du château et l’œnologue Éric Boissenot, se sont attachés à produire un vin plus complexe, avec davantage de finesse et d’élégance. « Nous travaillons sur des macérations plus légères. Tout comme nous travaillons le vin de presse, qui entre de 8 à 12% dans l’assemblage final » assure Boris Bréau.
Château Clarke n’est pas la seule propriété dans le giron de la branche vin du groupe Edmond de Rothschild Héritage. Y figurent Château des Laurets et château de Malengin à Saint Emilion, château Malmaison dans le Médoc, mais aussi des propriétés acquises en Argentine, Espagne, Nouvelle Zélande et Afrique du Sud. Au total 500 ha. Une commercialisation et une distribution contrôlée par la Compagnie vinicole Baron Edmond de Rothschild : « Nous ne voulons pas être dépendants et nous souhaitons contrôler la distribution de nos vins » lance Boris Bréau.


Nouvelles acquisitions externes ? Boris Bréau se fait discret. Et préfère indiquer que l’heure est à la phase de consolidation des acquisitions. Ainsi le château Malmaison, 33 ha, 150 000 cols, AOC Moulis, devrait faire l’objet de modernisation en 2024. Pour coller aux nouveaux modes de consommation, tout en respectant la tradition bordelaise, le château de Malengin AOC Montagne Saint Emilion est vinifié depuis le millésime 2018 en amphores, ce qui donne des vins croquants, sur le fruit. L’étiquette a été revu pour taper dans l’œil des consommateurs, adeptes d’un Bordeaux qui sort des codes.