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Le prix des barriques flambe, une raison de plus pour les vignerons de réduire leur parc
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Élevage
Le prix des barriques flambe, une raison de plus pour les vignerons de réduire leur parc

Les tonneliers répercutent les fortes hausses du prix du chêne sur leurs barriques et annoncent qu’ils continueront à le faire pendant les deux ou trois ans à venir. Une raison supplémentaire pour les vignerons de réduire leur parc de barrique.
Par Amélie Bimont Le 08 juin 2023
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 Le prix des barriques flambe, une raison de plus pour les vignerons de réduire leur parc
Marie et Sylvie Courselle, Château Thieuley, La Sauve, Gironde. « Tout augmente alors que nous ne sommes pas en mesure de répercuter ces hausses sur nos prix de vente. » - crédit photo : ©Jean-Bernard Nadeau
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aréfaction de la ressource en chêne, forte hausse de la demande : le prix des barriques s’envole « de 7 à 10 %, voire de 12 % selon la qualité et l’origine du bois », observe Jean-Luc Sylvain, le président de la Fédération des tonneliers de France. Ces prix diffèrent selon les tonneliers mais, en 2023, il faudra débourser entre 800 et 900 € HT pour une barrique bordelaise de 225 litres. Et l’envolée n’est pas près de s’arrêter…

« Il y a une pression énorme sur le chêne français, explique Jean-Luc Sylvain. Les pays étrangers achètent plus en France car l’Ukraine, qui est un des gros producteurs de chêne dans le monde, ne livre quasiment plus rien depuis la guerre, ce qui tend le marché. » Emmanuel Journu, directeur de la stratégie marques et produits chez Seguin Moreau, avance une autre explication : « Le chêne sessile souffre de la sécheresse qui provoque une augmentation de la mortalité. Le marché va devenir compliqué. »

Quelles que soient les causes de la raréfaction de l’offre, la conséquence est claire. « Il faut s’attendre à des hausses du même ordre dans les deux prochaines années, prévient Jean-Luc Sylvain. Nous achetons le chêne plus cher et nous sommes obligés de répercuter ces hausses dès maintenant, même si le bois de cette année n’entrera que dans deux ou trois ans dans des barriques. »

L’offre inférieure à la demande

« Le prix du mètre cube de grume de chêne a été multiplié par deux en deux ans, ajoute Emmanuel Journu. Or il faut savoir que le bois représente la moitié du prix final des barriques. Chez Seguin Moreau, nos fûts sont à 100 % en chêne français et nous nous approvisionnons à plus de 95 % auprès de l’ONF qui vend le chêne aux enchères. Comme l’offre est inférieure à la demande, il y a systématiquement une surenchère. En 2023, nous appliquons une hausse comprise entre 5 et 10 % et nous continuerons jusqu’en 2025 avec des hausses plus importantes compte tenu de nos achats cette année. »

Evolution du goût des consommateurs

Informée par La Vigne de ces hausses, Marie Courselle, qui n’a pas encore reçu les tarifs 2023 de ses fournisseurs, affirme qu’il n’est pas question pour autant de passer aux alternatifs. « On a fait plein d’essais, ça ne correspond pas à nos vins », confie la propriétaire du château Thieuley, une exploitation de 75 ha à La Sauve dans le Bordelais.

En fait, c’est l’évolution des goûts des consommateurs qui l’a déjà ammenée à revoir sa politique d’élevage. « Aujourd’hui, nous avons environ 250 barriques, deux fois moins qu’il y a sept ou huit ans, aussi bien pour des questions financières que de profil de vins. Nous avons beaucoup travaillé avec nos tonneliers sur les chauffes pour que les barriques ne prennent pas le dessus sur le vin et que l’on conserve le fruit. On a même plusieurs cuvées fruitées et gourmandes qui ne passent pas en barriques. »

Toutefois, concernant l’évolution des tarifs, elle déplore : « Tout augmente alors que nous ne sommes pas en mesure de répercuter ces hausses sur nos prix de vente. »

"Si le prix augmente de 10 % cette année, on limitera peut-être nos achats"

Au Domaine Carcenac, dans le Gaillacois, Cédric Carcenac a fait le plein de barriques l’an passé après une bonne récolte. « Si les prix augmentent de 10 % cette année, peut-être qu’on limitera un peu nos achats. On verra », pèse-t-il, tout en cherchant des solutions pour faire baisser les coûts d’élevage. « Je teste des barriques de 400 litres depuis deux ans sur un assemblage braucol-syrah. Cela a l’air concluant : il y a peu d’écart », indique-t-il, avant de concéder qu’il est également guidé par l’évolution des goûts des consommateurs. « On essaie de suivre la tendance de fond et de garder un boisé présent mais modéré. »

Alternatives limitées

Pour sa part, Thierry Serrus, directeur de la Cave de Técou, a déjà revu à la baisse ses ambitions pour le millésime 2022. « Idéalement, nous avions besoin de 300 barriques. Vu le contexte actuel de hausse généralisée des coûts, ça n’a pas été possible malgré le partenariat avec nos deux tonneliers qui ont limité la hausse de leurs prix. Je n’en ai acheté qu’une centaine », regrette-t-il. Qui plus est, pour gagner 50 € par pièce, il a acheté des barriques déclassées à cause d’un nœud ou tout autre défaut visuel. « Ça ne change rien à l’élevage, ce sont les mêmes bois, la même fabrication », confie le directeur, qui élève ses vins rouges haut de gamme pendant douze mois en barriques.

En parallèle de l’élevage classique, Thierry Serrus se tourne vers les alternatifs. « Nous avons fait des essais avec des staves que nous assemblerons ensuite avec des vins élevés, les uns en cuve, et les autres en barrique pour se rapprocher d’un profil 100 % fût. Si les résultats sont concluants, nous continuerons comme ça pour le millésime 2023 en essayant malgré tout d’augmenter le parc barriques pour garder de bois neuf de 20 à 25 %. » Touchons du bois pour que le prix de la matière première se stabilise enfin…

 

Coup de bambou pour les grands contenants

« On est au minimum à 10 % de hausse pour les foudres et les demi-muids, annonce Jean-Luc Sylvain, président de la Fédération des tonneliers de France. Pour les grands contenants, on a besoin de chênes de plus gros diamètre que pour les barriques. Il faut également que le fil soit très droit, et donc des arbres qui le soient. Or ces bois ne se trouvent pas facilement et ils coûtent plus cher qu’un merrain de qualité ordinaire. » À cela s’ajoute, dans le cas des foudres, l’augmentation du prix de l’inox qui sert à fabriquer les portes et les trappes.

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