omme l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, l’appellation Crozes-Hermitage lance l’appel « des lendemains qui chambrent » pour « susciter un sursaut » alors qu’« on sert rarement les vins rouges à la bonne température », que ce soit « en restauration comme à domicile ». Les 50 professionnels de la restauration et 130 opérateurs de l’AOC rhodanienne ayant signé la tribune plaident pour un service des vins rouges entre 14 et 18 °C grâce au « chambrage, ce mot familier aux sommeliers et aux grands amateurs, recouvre l’ensemble des techniques permettant d’emmener un vin à la température souhaitée ».
Car « nous buvons collectivement moins mais mieux et qu’il y aurait quelque chose d’anachronique à ce que les vignerons fassent de meilleurs vins, que nous dépensions plus cher pour l’achat d’une bouteille, mais que nous dévalorisions l’expérience de la dégustation par une température de service qui n’exprime pas le meilleur d’un vin ou, pire, qui le dégrade » poursuivent les signataires. Qui diffusent leur appel via trois médias partenaires (Le Monde, le Figaro et La Revue du Vin de France), dans une nouvelle forme d’opération d’influence autant que de communication auprès des restaurants et bars à vin (pilotant cette diffusion, l’agence Claire de Lune se définit comme une « fabrique d'influence spécialisée »).
Portant la bonne parole que « servis trop froids ou trop chauds, les vins rouges perdent en équilibre », cet appel est complété par une note du biologiste Marc-André Selosse (« selon le principe de l’agitation thermique, les molécules d’un vin s’agitent de plus en plus au fur et à mesure que la température s’élève. […] Mais il ne faut pas déduire que plus la température est élevée, plus l’expression aromatique sera agréable. Certaines molécules qui contribuent à la note fruitée des vins sont plaisantes à une certaine concentration, mais peuvent devenir saturantes et pesantes lorsque leur présence au nez devient trop marquée. ») et des analyses du neurobiologiste Gabriel Lepousez (« en bouche, la température du vin modifie également les propriétés de nos capteurs sensoriels et les perceptions qui en découlent […] si le vin est trop froid, l’activation de certaines cellules gustatives est diminuée et l’intensité de la saveur s’estompe »).
L’affiche est réalisée par l’agence Clair de Lune pour Crozes-Hermitage.