e thème « Soyons précis, de la vigne au chai » a suscité l'attention avec plus de trois cents personnes rassemblées au Rocher de Palmer (à Cenon,Gironde) pour faire le point sur les dernières technologies lors de la 20ème matinée des Å“nologues de Bordeaux, sous la présidence d’Axel Marchal, consultant en Å“nologie.
Sur l’appellation Saint-Estèphe, Lisa Gustaffson, responsable des vignobles des châteaux Calon Segur (55 ha) et Capbern (35 ha), a fait le choix de réaliser un arpentage au GPS et de réaliser trois cartes grâce aux données acquises à l’aide de capteurs : résistivité des sols, types de sols et vigueur de la végétation. En couplant ces informations à la dégustation des baies, elle réalise une cartographie parcellaire et – ironie du sort – retombe sur le même découpage d’une carte établie en 1898. « Les outils permettent de revenir à du bon sens pratique » retient Lisa Gustaffson. Mais ce n’est pas tout.


Elle équipe un enjambeur d’une antenne de précision centimétrique et de capteurs pour piloter les électrovannes. Après de nombreux essais, les électrovannes s’ouvrent et se ferment précisément en fonction de la forme des parcelles, libérant par la même occasion le chauffeur de cette charge. « Si le capteur détermine qu’un rang a déjà été traité, l’électrovanne concernée se coupe. Dès la première année, cela nous a permis de récupérer l’équivalent de 17% de volume de bouillie » précise Lisa Gustaffson, sans oublier de mentionner la possibilité de gérer les contraintes réglementaires (DSR, DSPPR, ZNT, …) et les coûts et connaissances indispensables associés.
Depuis 2020, Marc Raynal, ingénieur en agriculture pour l’unité mixte IFV/INRAE de Bordeaux, s’intéresse dans le cadre du projet VISA (sporée aérienne du vignoble) à la détection de la présence du mildiou avant l’apparition des symptômes grâce à la technique PCR, en quantifiant les spores par m3 d’air, une technique précise puisqu’elle possède une limite de 0,3 spores/m3. « En 2022, une stratégie de décalage des premiers traitements ont permis de faire l’économie de deux à quatre traitements sur les domaines partenaires du projet » se réjouit Marc Raynal.
Face au changement climatique et à l’augmentation des teneurs en sucres, diminuer la production d’éthanol est devenue une priorité pour les laboratoires. Des essais vont en ce sens grâce à l’évolution dirigée, technique basée sur le principe de la sélection naturelle qui avantage les individus les mieux adaptés face à des pressions de sélection. David Ferreira, chargé de projets R&D chez Lallemand, précise « c’est une approche 100 % non-OGM, le résultat n’est pas garanti ». C’est ainsi qu’a été développée la levure IonysWF : en appliquant un stress osmotique, les sucres sont déviés au cours de la fermentation alcoolique vers la production d’autres métabolites, tels que le glycérol.


Après plusieurs générations, la levure s’adapte progressivement, en produisant plus de glycérol et moins d’alcool, et est ensuite sélectionnée. Principales conclusions : « une diminution de l’éthanol comprise entre 0,4 et 0,9 %, un fort pouvoir d’acidification et une augmentation du glycérol ». Après des expérimentations en évolution dirigée, Philippe Marullo, chargé de recherche Biolaffort, a travaillé sur le breeding dirigé. Cette technique consiste à croiser des souches présentant des caractéristiques d’intérêt Å“nologique pour obtenir une souche associant les meilleurs performances grâce à la sélection assistée par marqueurs. Ainsi, en identifiant les gènes clés associés à la réduction de la teneur en éthanol, les allèles favorables sont regroupés, permettant ensuite la sélection de souches Saccharomyces possédant de fortes propriétés acidifiantes et produisant moins d’alcool, pour répondre aux défis et aux besoins Å“nologiques de la filière.