n préambule à la table ronde sur la décarbonation de la filière vin organisée ce 15 février sur Wine Paris, Rocco Pau, le président de l’OIV, Organisation internationale de la vigne & du vin, a été clair : la filière vin doit revoir ses pratiques, les consommateurs doivent changer leurs habitudes, le rôle des détaillants est important.
L’Europe est engagée via la PAC dans une réduction de ses gaz à effets de serre, avec pour ambition une diminution de 50% d’ici 2030 pour arriver à la neutralité carbone d’ici 2050. Il conclut : « On est un petit secteur économique, 0,7% de la surface arable, mais très responsable, car on a un pouvoir de communication. On peut arriver au consommateur beaucoup plus vite que d’autres secteurs ».
Pour effectuer leur bilan carbone, les entreprises doivent prendre en compte tous les éléments, en amont et en aval, c’est-à-dire depuis les fournisseurs jusqu’aux clients.
L’Interprofession de Bordeaux a effectué son premier bilan carbone en 2007, depuis la vigne jusqu’au bouchon et à la fin de vie de la bouteille. Deux autres bilans ont suivi en 2012 et 2019. La réduction est de 34%. L’objectif est de 74% d’ici 2050, avec une étape à 54% en 2030. Les actions prioritaires portent sur la réduction de consommation à court terme : le verre, le transport, les bâtiments, les process, le matériel, l’énergie. Les actions à long terme visent la séquestration du carbone dans le sol, via les pratiques agricoles comme les plantations de haies et d’arbres. Chez LVMH, l’ambition est de réduire l’empreinte de 50% d’ici 2030.
Des entreprises comme Carbone 4 ou Greenflex peuvent aider les opérateurs à agir et à trouver des financements. Il existe en France un label officiel bas-carbone utilisé pour l’instant principalement par les coopératives.
Adelphe, société à but non lucratif agréée par l’Etat qui aide au recyclage des emballages organise un concours qui permet de mettre en avant les démarches environnementales. Mehdi Besbes, responsable vin & spiritueux chez Adelphe rappelle que les boissons alcoolisées représentent 78% des emballages verre : « On a une forte responsabilité, on se doit de trouver des solutions ».
Pour Thomas Lemasle, co-créateur des vins Oé à Lyon, la suppression des collerettes, le réemploi des bouteilles, les livraisons en casiers plutôt qu’en carton sont parmi les premières étapes réussies.
Le poids de la bouteille demeure un point de discussion. Entre 300 et 800 g, les verriers devraient pouvoir trouver une moyenne qui assure la résistance et permet le réemploi, parallèlement à l’étude de matériaux alternatifs.