e 8 décembre, lors de l’assemblée générale de l’Association Viticole Champenoise (AVC, la branche technique du Comité Champagne), les deux co-présidents du Comité Champagne – Maxime Toubart et David Chatillon - ont annoncé le lancement du plan « Net-O Carbone » avec l’objectif de l’atteindre en 2050.
Le Net zéro Carbone vise la neutralité Carbone d’une entreprise ou d’une filière, en respectant les exigences fixées par le GIEC lors de l’accord de Paris de 2015.
La filière Champagne vise à réduire de 75 % ses émissions entre 2003 et 2050. Le solde de 25 % sera probablement compensé par un fond Carbone Champagne où la filière achèterait des crédits carbone à hauteur du solde de ses émissions pour des projets locaux. Ce fond pourrait soutenir des actions touchant à l’agriculture, aux énergies, aux forêts et aux zones humides.
Pour atteindre ces objectifs, le Comité Champagne multiplie les initiatives dont le projet Copernic lancé l’an dernier. Copernic signifie Compétitivité et PERformances éNergétiques des Installations vitivinicoles de la filière Champagne. Ce groupe de travail rassemble quarante structures – vignerons, coops et négoces – dont l’objectif est de réduire les besoins énergétiques. Ce travail se réalise en trois étapes : caractériser les besoins énergétiques du domaine viticole, opter pour l’efficacité énergétique pour le process et dans les bâtiments et enfin favoriser la mise en place d’énergie renouvelables.
Le Comité Champagne a également rappelé l’importance des haies dans le stockage du Carbone. 1 km de haie peut stocker 3 à 5 tonnes de CO2.
Le Comité Champagne maintient l’objectif de 100 % d’exploitations certifiées d’ici 2030 et vise toujours la fin de l’usage des herbicides. Maxime Toubart a tenu à répondre aux signataires de la tribune parue ce mercredi 7 décembre dans Le Monde (voir encadré ci-dessous).
L’assemblée générale s’est terminée par l’intervention de Jean-Marc Jancovici, ingénieur polytechnicien président de The Shift Project et co-fondateur associé de Carbone 4, qui a rappelé l’urgence d’agir pour limiter les émissions Carbone.
« Je me souviens très bien du discours que j’ai prononcé devant cette Assemblée en 2018 avec Jean-Marie Barillère lorsque nous avons fixé comme objectifs pour la filière de tendre vers l’interdiction des herbicides chimiques en 2025 et atteindre 100 % des exploitations certifiées en 2030. Il s’agissait d’objectifs forts pour enclencher un mouvement qualitatif et collectif et non d’une obligation qui mettrait bon nombre d’exploitations en difficulté.
Depuis 2018, on peut relever les efforts faits au vignoble. Je suis satisfait de voir les pratiques évoluer. On ne peut que constater le retour des tracteurs, charrues et autres matériels d’entretien du sol. Les données du CIVC confirment que le vignoble n’a jamais été aussi vert qu’en 2022. Nous devenons meilleurs chaque année. Malgré tout il reste encore des marges de progression.
J’ai conscience que certains de mes propos ces derniers mois ont pu troubler. Quelques-uns parmi vous ont eu le sentiment d’un recul. Ce n’est pas le cas. Je veux profiter de cette tribune pour clarifier ma vision, notre vision. Oui protéger l’environnement comme lutter contre le réchauffement climatique est une priorité. Mais oui nous avons aussi l’obligation d’entrainer et d’accompagner tout le monde et nous ne pouvons pas laisser des vignerons sur le bord de la route. Et oui aussi notre appellation revêt une très grande diversité d’exploitations. Cela ne permet pas toujours, en considérant les contraintes techniques, humaines et financières, de se passer totalement des herbicides aussi vite qu’on le souhaiterait.
Intégrer une nouvelle mesure dans le cahier des charges, c’est la rendre obligatoire pour 100 % des vignerons. C’est exclure de l’appellation ceux qui ne veulent pas la respecter. En soi, cela ne me pose pas de problème même si je préfère convaincre plutôt que contraindre. Mais c’est aussi exclure ceux qui ne peuvent pas la respecter. Et c’est bien là que se situe notre débat ».