on-lieu, mais pas non-agression. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon (Côte d’Or) rend une ordonnance de non-lieu ce 16 novembre 2022, confirmant celle du 22 juin 2022 prise par la chambre de l’instruction du tribunal judiciaire de Dijon, dans l’affaire opposant le groupe languedocien Advini (Saint-Félix-de-Lodez, Hérault) au géant alsacien Grands Chais de France (basé à Petersbach, Bas-Rhin) depuis 2016, lorsque le second a racheté au nez et à la barbe du premier le négoce bourguignon Béjot Vins et Terroirs (basé à Meursault). Secoué par une enquête douanière sur des suspicions de fraudes (assemblages d’AOC, coupages de vins, etc.), Béjot était d’abord rentré en négociations exclusives de vente avec Advini, avant que GCF ne remporté l’opérateur bourguignon spécialisé dans le Grande Distribution (GD). Si Advini racheta quelques semaines plus tard le négociant bourguignon Champy (Beaune), le groupe languedocien avait déposé sur des soupçons d’accès de GCF à des rapports d’audit confidentiels.
Ayant défrayé la chronique, la mise en examen en 2021 du PDG de GCF, Joseph Helfrich, pour recel d’abus de confiance et recel de violation du secret professionnel aboutit au non-lieu attendu par l’opérateur alsacien. « La chambre de l’instruction a confirmé le non-lieu par arrêt du 16 novembre 2022 en l’absence de charges suffisantes contre quiconque et en l’absence totale de charges contre les Grands Chais de France » indique à Vitisphere le parquet général du tribunal de Dijon, précisant que « la décision ayant été rendue en chambre du conseil nous ne pouvons pas communiquer plus ».


« Selon les accusations infondées de la société Advini, la reprise Béjot par GCF aurait été permise par la communication indue d’informations et de documents confidentiels provenant de l’audit mené par Advini sur Béjot » indique un communiqué de GCF, citant l’ordonnance de non-lieu : « la société GCF était bien en capacité de présenter une offre, même sans avoir eu accès à des pièces confidentielles issues du dossier d’Advini et de l’audit ». Pour GCF, le rapport d’audit fourni par Advini « ne contenait aucune donnée pertinente pour construire une offre de reprise. Après cinq années d’enquêtes et d’acharnement d’Advini, il apparaît clairement que les procédures engagées par cette dernière étaient principalement motivées pour tenter de justifier sa mauvaise gestion économique du dossier de reprise vis-à-vis de ses actionnaires ». Et le négoce alsacien de citer le non-lieu : « la plainte pénale de la société Advini n’est que l’aboutissement de son échec économique et stratégique à reprendre Béjot […] après avoir engagé des frais d’audit particulièrement chronophages et onéreux. »


Si AdVini n’a pas donné suite aux sollicitations de Vitisphere, un de ses dirigeants glisse à Vitisphere qu’il s’agit d’une affaire ancienne, dont on ne sait même plus de quoi il s’agit des années après. Une ancienneté qui n’apaise pas GCF, au contraire, le groupe de Petersbach gardant une dent contre celui de Saint-Félix-de-Lodez. GCF évoque une « déloyauté manifeste contraire à l’éthique et aux bonnes pratiques commerciales » passant par des « fuites dans la presse » et « un appel dilatoire », alors que le groupe alsacien revient sur les coulisses du rachat de Béjot pour mieux tacler Advini. D’habitude très peu disert, le négociant alsacien rend coup pour coup dans son communiqué qui refait le match en donnant sa version de l’enchère gagnante remportant Béjot.
Extraits de ce règlement de comptes frontal : « Advini se croyant seule sur la reprise de Béjot a voulu spolier les créanciers en leur proposant une somme ridiculement basse, sous réserve d’abandons colossaux de créances, de plus de 80 %. Sans surprise, cette offre a été rejetée par les créanciers de Béjot. À l’issue de la période d’exclusivité accordée à Advini, les créanciers ont demandé au mandataire ad hoc de rechercher un autre repreneur. C’est à cette occasion que la société GCF a été amenée à formuler son offre. Devant le risque de perdre Béjot, Advini a d’abord tenté de marchander avec Joseph Helfrich et la société GCF en leur demandant de retirer leur offre globale, afin que chacun des candidats puisse acquérir une partie de Béjot à des prix réduits. Joseph Helfrich et GCF ont immédiatement refusé de participer à ce genre de tractation trouble, faite au détriment des créanciers, du groupe Béjot et de ses salariés. Advini a donc dû renchérir par des offres successives pour atteindre moins de 20 % d’abandon des créances. Advini a cependant perdu car les créanciers ont préféré choisir GCF dont l’offre, formuée dans les délais, était mieux-disante. »


Fin de l’affaire ? Joseph Helfrich et GCF indiquent « se réserver désormais toute voie de droit afin d’obtenir réparation du préjudice causé par les accusations calomnieuses proférées à leur encontre ».