our détruire ses couverts vaut-il mieux utiliser une tondeuse, un gyrobroyeur ? Un gyrobroyeur et un outil de travail du sol pour enfuir les résidus trois ou quatre jours après ? Vaut-il mieux le faire précocement, début février, ou plus tardivement, au moment du débourrement de la vigne fin mars ou début avril ?
Léo Garcia a comparé ces six modalités de 2019 à 2021 dans une syrah de 15 ans au domaine du chapitre de Villeneuve-Lès-Maguelone, près de Montpellier. « Pendant trois ans, nous y avons semé de manière directe 100 kg/ha de féverole, 60 kg d’avoine ou d’orge, et entre 3 et 5 kg de moutarde blanche. En 2021, nous avons aussi ajouté du pois fourrager au mélange » détaille l’enseignant-chercheur à l’Institut Agro de Montpellier.
A chaque fois, il a mesuré la biomasse des espèces lors de la destruction du couvert et la biomasse des adventices lors de la floraison de la vigne. « Nous avons aussi suivi les stocks hydriques et azotés, notamment à la floraison, une période cruciale pour l’élaboration du rendement, la matière organique des sols, la biomasse microbienne » liste-t-il.
Au moment des vendanges, ses équipes ont aussi compté, pesé les grappes et analysé les jus. « A l’hiver, nous avons pesé les bois de taille » indique Léo Garcia, présentant son protocole aux participants du colloque sur l’irrigation organisé par la société Racine, filiale du groupe Perret, ce 2 février.
Le chercheur a d’abord remarqué une grande variation dans la biomasse en fonction des années. « En 2020, elle était de l’ordre de 6 tonnes par hectare en plein début février et de 13 tonnes début avril. Les couverts étaient plus grands que moi. En revanche, en 2021, après un hiver sec, les biomasses ont stagné autour de 2 tonnes avec une plus forte proportion des graminées au détriment des légumineuses. En 2022, le climat a été plus favorable au couvert après son semis et nous sommes passés de 2 à environ 5 tonnes début avril » expose-t-il.
Sans trop de surprises, Léo Garcia observé plus de matière organique libre et de biomasse microbienne après le passage du rolofaca, d’autant plus qu’il était tardif.
A l’inverse, c’est la destruction précoce par travail du sol qui a donné les stocks hydriques moyens les plus élevés en juin. « En 2021, le rouleau n’a pas été suffisant pour coucher les céréales. Le couvert a continué à se développer jusqu’à donner des épis d’orge dans l’inter-rang ».
En mesurant le potentiel hydrique foliaire de base, Léo Garcia a remarqué que le choix de l’outil avait plus d’influence sur la contrainte hydrique que la date de destruction du couvert.
En lien avec la réserve en eau, le chercheur a remarqué un fort effet de l’outil de destruction sur le stock azoté du sol. « Lors d’une année sèche comme 2021, la minéralisation a été faible pour toutes les modalités, avec une quinzaine d’unité d’azote dans le sol. Par contre, en 2020 et 2022, nous avons constaté que l’utilisation du gyrobroyeur et l’enfouissement des résidus ont apporté autour de 60 unités d’azote au sol, une valeur proche des besoins annuels de la vigne ».
L’azote des moûts a quant à lui quasi systématiquement atteint le seuil des 150 mg/L. « En cohérence avec nos observations précédentes, nous en avons retrouvé davantage dans les raisins issus des ceps des inter-rangs où les résidus avaient été enfouis ».
L’enfouissement des couverts végétaux a également amélioré la vigueur de la vigne, avec une augmentation du poids des bois de taille par rapport à une simple tonte ou le passage du gyrobroyeur.
Au moment des vendanges, Léo Garcia a compté entre 12 et 17 grappes par cep de vigne et de 1,8 à 3,4 kg de raisin, permettant d’obtenir de 54 à 102 hl/ha dans l’hypothèse d’une parcelle sans aucun manquant.
« La destruction précoce suivi d’un travail du sol a eu tendance à améliorer le rendement » conclut-il, avant de préciser que le mieux est d’adapter l’itinéraire technique à la météo du millésime et au type de sol du vignoble, les teneurs en matière organique étant par exemple plus élevées dans les sols caillouteux.