es couverts végétaux et les arbres dans l’interrang favorisent-ils la présence d’auxiliaires de la vigne et la régulation naturelle des ravageurs ? Lou Tabary a le parfait terrain de jeu pour le découvrir.
Dans le cadre d’une thèse encadrée par une équipe interdisciplinaire de l’Institut agro de Montpellier et de l’Inrae, la jeune femme va étudier la biodiversité des 3 hectares de la parcelle d’expérimentation « Salsa » plantée en 2019 au domaine du Chapitre à Villeneuve-lès-Maguelone, où différentes modalités de culture sont évaluées, avec : un bloc de syrah conduite de manière raisonnée en IGP Pays d’Hérault - Collines de la Moure ; un bloc d’artaban sans traitements phytosanitaires, sans herbicides mais des couverts végétaux spontanés ; et un bloc d’artaban conduit comme le précédent avec présence de grenadiers et de figuiers.
« Je vais tenter de vérifier que la diversification végétale des systèmes viticoles contribue à l’optimisation des systèmes écosystémiques en fournissant des abris et de la nourriture complémentaire à la faune, et notamment aux arthropodes » explique la jeune chercheuse, qui va commencer par s’intéresser aux populations d’acariens prédateurs Phytoseiidae et leurs proies potentielles, telles que l’érinose et différents pucerons, larves de thrips ou de cicadelles.
Lou Tabary va prélever des dizaines d’échantillons à différents moments de la saison sur la vigne, dans les couverts et dans les arbres pour identifier leur habitat préféré.
« En amplifiant l’ADN présent dans les acariens par métabarcoding (NDLA : une nouvelle technologie identifiant de toutes les espèces présentes dans un échantillon en une seule fois) nous saurons ce qu’ils consomment réellement sur la parcelle et, si tout se passe bien, nous pourrons reconstituer des réseaux d’interactions trophiques et voir s’ils changent en situation d’enherbement ou d’agroforesterie » se réjouit-elle d’avance.
Lou Tabary va également caractériser la flore pour aider les viticulteurs à choisir les meilleures semences. « Les Italiens ont par exemple montré une corrélation dans les vignobles entre les pluies polliniques et la quantité de Phytoseiidae, qui ne mangent pas que des prédateurs mais également du pollen. Les acariens peuvent également être favorisés ou gênés par la hauteur des couverts ou la présence de poils » illustre-t-elle.
Sa thèse est encadrée par des professeurs de l’Institut Agro de Montpellier : Marie-Stéphane Tixier, Elena Kazakou, et Léo Garcia, spécialisés en biologie, écologie végétale, et agronomie. Lou Tabary bénéficie également du soutien de Denise Navia, spécialiste de la taxonomie à l’Inrae. Ses travaux sont financés par le projet Vitifuture labélisé « Défi-Clef » par la Région Occitanie, et par la chaire « Vigne & Vin » de l’Institut Agro.