epuis 2017, la chambre d’agriculture de Côte d’Or, BioBourgogne et le Gest (Groupement d’étude et de suivi des terroirs) travaillent le sujet des couverts végétaux en vignes étroites. Pour la Chambre d’Agriculture, ce sont huit mélanges différents qui ont été évalués dans des parcelles de deux domaines. Benoît Bazerolle, conseiller, a dévoilé les principales conclusions de ces années d’essais mardi 22 novembre à Beaune, lors de la conférence VitiTechnique. Le point en quatre questions.
Qu’espérer des couverts végétaux ?
Beaucoup, en ce qui concerne l’azote en tout cas. « Avec les mesures avec la Méthode MERCI®, toutes les modalités d’enherbement révèlent une quantité d’azote potentielle au printemps supérieure aux témoins », se félicite Benoît Bazerolle. L’un des mélanges, composé à 83 % de légumineuses, a même permis d’obtenir un écart en azote potentiel de 34 % en moyenne sur quatre ans. Mais attention : « seul un couvert réussi, sur tous les rangs, peut prétendre à ce niveau d’efficacité ». Dans ce cas, « le couvert végétal peut suffire à faire le complément d’azote printanier à la parcelle ». Toutes les modalités testées ont également élevé rapidement le taux de biomasse microbienne. Un effet sur le déblocage de l’élément potasse a également été noté. Les résultats concernant le magnésium sont « moins flagrants ».
Quel mélange ?
On privilégiera les graminées pour la structure de surface, les légumineuses et crucifères pour la structure en profondeur, l’enrichissement et l’effet destructif contre les adventices. Tout dépend donc des caractéristiques de votre parcelle et de vos objectifs. Une certitude toutefois : « il ne faut pas lésiner sur les légumineuses, on peut partir sur 50 % a minima », recommande Benoît Bazerolle. En revanche, le 100 % légumineuses n’est pas forcément recommandé. La diversité des espèces est un atout des mélanges, sans toutefois dépasser 4-6 espèces différentes... Enfin, la présence d’une plante « tuteur » - comme une graminée ou la féverole - a son intérêt pour éviter la prolifération sous le rang d’une espèce envahissante comme la vesce ou le pois.
Comment réussir ses semis ?
Le moment idéal est compris entre mi-août et mi-septembre, « afin d’obtenir une biomasse significative avant l’hiver». Points clef : la préparation de sol. « Si on est envahi de mouron ou de liseron, ça ne marchera pas ». Il faut aussi prêter attention à la dose de graines. « On multiplie par 1,5 ou 2 par rapport aux grandes cultures, car le palissage avec l’ombre portée limitent la rapidité d’implantation. » Bien, sûr le sol doit être humecté, ou bien bénéficier de pluies juste après le semis. Enfin, tenez compte de la profondeur : « les grosses graines sont à semer plus profond, les petites plus en surface. Un semoir à double trémies a donc tout son intérêt ». Coût économique estimé de l’opération : 327€/ha/passage (données BIVB) auquel il faut rajouter le prix des graines, ce qui reste « très important ».
Quand détruire ?À la floraison des premières espèces, soit « courant avril le plus souvent », si la météo et la réussite du couvert n’en décident pas autrement. Dans tous les cas, un maintien tard en saison s’avère risqué vis-à-vis des gelées printanières. «Un couvert en place après le débourrement va maintenir une hygrométrie élevée au mauvais endroit, au mauvais moment. Sauf si ce couvert arrive très au-dessus de la baguette. Mais pour ne pas prendre de risques, mieux vaut détruire tôt. Et surtout pas juste avant les gelées ». Et en vignes étroites, « le maintien des couverts végétaux tard en saison, via un roulage, apparaît également risqué. Il est très dépendant des réserves hydriques en sortie d’hiver et de la réserve utile du sol. Dans un premier temps, on visera donc une destruction au printemps par broyage puis enfouissement ».