menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Commerce/Gestion / Peur sur les volumes de vins bio
Peur sur les volumes de vins bio
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Ralentissement
Peur sur les volumes de vins bio

Alors que l'offre de vins bios en vrac afflue cette année, la production languedocienne s'inquiète du faible répondant des sorties et des contractualisations. Le négoce et la filière réclamaient pourtant ces volumes pour alimenter des marchés prometteurs. Les attentes sont élevées
Par Olivier Bazalge Le 16 décembre 2022
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Peur sur les volumes de vins bio
- crédit photo : A. Abelllan
C

’était l'une des interrogations à la veille des dernières vendanges : le marché a-t-il les capacités d’absorber les volumes supplémentaires de vins bios produits en 2022, issus des 25 % en plus de surfaces de vignes certifiées bio en Occitanie? « Où sont les opérateurs qui réclamaient du bio et qui laissent maintenant ces vins dans les chais, ou proposent de le faire partir à un prix proche du conventionnel ? », a ainsi alerté Jean-Marie Fabre en clôture de l’assemblée générale de la fédération héraultaise des Vignerons indépendants, ce 9 décembre, alors que la filière bio voit dans cet afflux de volume une opportunité de conquérir d'importants marchés. « Les caves coopératives annoncent à leurs adhérents qu’une partie des volumes produits ne pourront être vendus en bio, car les marchés ne sont pas au rendez-vous. Une partie sera vendue en conventionnel, c’est une certitude », enchaîne Fabien Castelbou, président de la section héraultaise des vignerons coopérateurs d’Occitanie.

Pour Gérard Bancillon, président de la coopérative gardoise des collines du Bourdic et président de la confédération des vins IGP de France, « ça ne va pas du tout… Une cave comme la nôtre n’est arrivée que récemment sur le marché du bio, en répondant à l’incitation de metteurs en marchés qui réclamaient des volumes et aux rémunérations attractives proposées, même pour le logo CAB (conversion en agriculture biologique, ndlr), et nous avons maintenant la sensation que ces metteurs en marchés n’assument à présent plus rien ». Son mécontentement se renforce dans le fait que ce sont avant tout les plus jeunes adhérents de sa cave qui ont opéré à cette transition vers le bio. « Nous avons aujourd’hui une quinzaine d’adhérents en bio, plutôt des jeunes installés qui ont fait ce choix autant par conviction que par attractivité économique, mais ce sont également ceux qui ont les reins les moins solides financièrement », poursuit le président des collines du Bourdic. Il estime que 30 à 40 % des vins bios produits lors de ce millésime 2022 risquent d’être vendus sous l’étiquette conventionnelle. «C'est vrai que les sorties sont moins rapides que l'an dernier, mais c'est à l'image du marché en général où les ventes sont en retard, et qui n'incite pas vraiment à la prise de risques », souligne de son côté le négociant en vins bios Jacques Frelin.

Préserver la valorisation

« C’est loin d’être l’idéal mais il faut tout faire pour préserver la valorisation des vins bios sur le marché. Si ces vins sont vendus estampillés bios à des prix se rapprochant du conventionnel, c’est un très mauvais signal pour tous ceux qui ont fait l’effort d’aller vers le bio », souligne également Anthony Bafoil. Président de la section gardoise des vignerons coopérateurs d’Occitanie. Pour l’heure les chiffres enregistrés par InterOc pour ce début de campagne indiquent un maintien de l’écart de valorisation entre les vins bios et conventionnels, même si « les cours des vins bios s’affichent en baisse par rapport à l’an dernier», indique Laure Lacombe, responsable du service économique d’InterOc. Selon les contrats enregistrés par l’interprofession des vins de pays d’Oc depuis le début de campagne, les vins d’IGP Oc rouge conventionnels s’échangent en moyenne à 94 €/hl contre 142 €/hl pour les rouges bios, 86 €/hl en moyenne pour les rosés conventionnels contre 134 €/hl pour les rosés bios, et 109 €/hl pour les blancs conventionnels contre 169 €/hl pour les blancs bios.

Frédéric Saccoman, le directeur de la cave d’Heraclès, à Codognan, intégralement engagée dans la production bio, tempère quant à lui sur l’état du marché. « Plusieurs facteurs se conjuguent : l’arrivée de nouveaux volumes, les difficultés conjoncturelles d’inflation et de disponibilité du verre, et la baisse de consommation française. Produire du vin bio est une stratégie sur le long terme et il faudra nécessairement du temps pour débloquer les marchés », avise-t-il. Il ajoute que le vignoble n’est pas à l’abri d’un nouveau coup de gel printanier ou d’aléas climatiques et que les volumes disponibles prendront alors une autre perspective.

Le bio, l'avenir?

« Le grand export sera la clé », précise-t-il néanmoins, conscient que les marchés français et proche européens auront des difficultés à absorber cette nouvelle offre volumique en vins bios. Jacques Frelin réclame quant à lui du temps « pour retrouver les marchés et voir les fruits du travail de prospection sur les marchés de grand export, alors que même l'export proche européen est difficile ». Il se dit néanmoins convaincu que les remous ne sont que conjoncturels, et que « le bio reste le mode de production qui va se standardiser à l'avenir, en particulier dans la filière vin ».

Gérard Bancillon reconnaît également que l'inflation et le contexte de prix et de disponibilité des matières premières se prêtent difficilement à la construction d’offres concurrentielles de nouveaux vins sur le marché, « d’autant que le vin n’étant pas un produit de 1ère nécessité, les consommateurs n’arbitrent pas nécessairement en faveur du vin, et bio de surcroît ». Lui aussi se voit pourtant convaincu que la tendance de consommation de vins bios a de belles heures devant elle, « mais il faut que le franchissement de ce cap ne soit pas trop long à passer, pour que nos viticulteurs ne doivent pas attendre trop de temps avant de voir leurs efforts de production bios justement valorisés ».

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (2)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Fafa Le 16 décembre 2022 à 20:10:12
Que ce soit du bio ou du conventionnel, le vin ne se vend plus quand comprendrons nous cette réalité, il faut arracher des vignes dans tous les vignobles, la bière à pris trop de part de marché
Signaler ce contenu comme inapproprié
Le zèbre du 11 Le 16 décembre 2022 à 13:46:25
Les acteurs audois n avaient qu a pas vendre leur site d'embouteillage vignerons de la Méditerranée ?????
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Commerce/Gestion
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé