yant l’ambition d’accueillir d’aspirants vignerons et maraîchers pour leur apprendre « des pratiques vertueuses (notamment pour la rhizosphère) » sur le terrain avant leurs installations, l’association agroécologique de Carbouey, basée à Castet-et-Castillon (Gironde), « va aller chercher des jeunes pour aller vers nos métiers » pose Xavier Planty, le président fondateur de l’association, présentant sa démarche sur le salon Vinitech. Cette figure du bio à Bordeaux compte « répondre aux nombreux échecs à l’installation en agriculture » avec ce projet de pépinière lancé après la cession de ses parts du château Guiraud (premier grand cru classé en 1855 de Sauternes).
Un premier espace test de serres de maraîchage doit prochainement voir le jour, avec l’arrivée d’un premier apprenti maraîcher. Chaque jeune agriculteur sera parrainé par l’un des onze maraîchers bio et locaux partenaires de l’association (qui se sont réunis pour lancer le projet d’un laboratoire de transformation de fruits et légumes dans les bâtiments de l’association). Allant de la vigne à la vinification, l’atelier de test pour la viticulture pourrait être lancé dès février 2023 espère Xavier Planty, évoquant l’aide d’un vigneron en Côtes de Castillon. Pour le maraîchage comme la viticulture, après deux ans de suivi et d’enseignement « des pratiques vertueuses (sols vivants, biodiversité…) », l’aide à l’installation des jeunes pourrait aboutir avec le soutien de la Société d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural (Safer).


Le recrutement des jeunes se fera via les Maisons Familiales Rurales (MFR), les Centres de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole (CFOPA), Pôle Emploi, les reconversions professionnelles, les apprentis d’Auteil… indique Marina Calman, la directrice de l’association. Cette couveuse doit permettre aux aspirants vignerons d’apprendre le métier, mais aussi de confronter l’idée que l’on se fait d’être vigneron « à la réalité du métier. Cela permet de mettre les mains dans le cambouis pendant un an ou deux » indique le consultant en permaculture Alain Mallard.
Au-delà de l’accueil des jeunes, l’association compte servir de catalyseur au partage de connaissances sur l’agroécologie pour permettre des avancées dans le vignoble de Bordeaux. « Je mets en place des pratiques agroécologiques dans mon vignoble et le collectif sera un élément fort pour gagner en partage et dynamique » indique Marie-Pierre Lacoste, du château La Clotte-Cazalis, (Barsac), pour qui « ce projet est un endroit ouvrant des perspectives dans une période compliquée. Si l’on veut s’en sortir, il faut se mobiliser pour agir collectivement. » Consultant en régénération des sols, Nicola Fagotto en est persuadé : « il manque lieu pour centraliser les savoirs sur l’agroécologie. L’objectif est de créer une osmose pour que ceux qui en savent déjà un petit peu puissent le partager. » Une forme d’aide à la connexion entre les vignerons et leurs vignobles, comme les rhizomes ancrent les vignes dans leurs sols.
Comme en témoignent les premiers échanges avec des visiteurs sur le salon Vinitech, « un projet agroécologique demande du temps et la création de complexité. Il faut mettre le starter » prévient Nicola Fagotto. Et pour donner des réponses agroécologiques correspondant à chaque cas particulier, l’intérêt de cette association est de ne pas se cantonner à une culture, mais en allier plusieurs (viticulture, arboriculture, maraîchage…) ajoute Alain Mallard. « On est une association, on ne veut pas de chapelles. Nous sommes ouverts à tous, du maraîcher bio au premier grand cru classé du Médoc. Tous ont quelque chose à dire sur la vie du sol » indique Xavier Planty, qui explique parler d’agroécologie et pas d’agriculture biologique car « on ne peut pas faire d’agroécologie sans être en bio : c’est une tautologie. Mais le bio, c’est une charte qui ne parle pas de mycorhizes, de haies… » En somme, le bio est nécessaire, mais pas suffisant pour Xavier Planty, qui compte avoir finalisé le lancement de son association d’ici cinq ans.