La cause environnementale est importante pour notre maison. On a toujours eu cette sensibilité, mais on ne la crie pas sur les toits » reconnait Jean-Philippe Hecquet, le directeur général de Rémy Martin (groupe Rémy Cointreau). Sauf que ce 24 novembre, la maison de Cognac avait décidé de parler haut et fort de son engagement pour son terroir. Devant la presse réunie au domaine de Grollet, à Saint-Même-les-Carrières, propriété dans le giron du groupe, les projets à foison ont été égrainés. La feuille de route est bien balisée. C’est en 2012 que les domaines Rémy Martin obtiennent la certification HVE 3. Dix ans plus tard, 308 viticulteurs partenaires sur 820 sont certifiés. L’objectif étant d’atteindre 100 % en 2028.
La certification est aussi le socle de base de l’agro écologie. « Il s’agit d’adopter des pratiques agricoles qui ont un impact positif sur la biodiversité et le climat » indique Laetitia Delaye, directrice de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE )du groupe Rémy Cointreau. Si 2022 marque l’engagement de Rémy Martin sur ce terrain, l’objectif d’amener 100 % des viticulteurs dans l’agroécologie est fixé à 2030. En attendant, un petit noyau d’entre eux, huit au total, repérés par la maison de Cognac, se prête à cette démarche. Ainsi Laurent Massuyau, installé depuis quinze ans, à la tête de 25 ha, à Criteuil La Magdeleine, qui apporte 90 % de sa production à Rémy Martin et ce depuis 2019. « Depuis deux ans je mets des couverts végétaux (avoine, féveroles, radis), d’abord sur 4 ha la première année et aujourd’hui sur toute la surface. Je pratique aussi la confusion sexuelle. Je n’ai pas encore décidé pour la plantation d’arbres. C’est intéressant d’avancer en même temps que Rémy Martin » indique-t-il. De fait, la maison charentaise mène, de son coté, des essais de couverts végétaux au domaine du Grollet, sur 18 ha. Pois fourragés, moutarde brune, vesce, trèfle et roquette sont au menu.
Autre chantier : les variétés résistantes avec une expérimentation lancée il y a deux ans à Saint-Preuil. Sur 1 ha, une variété résistante au mildiou et oïdium baptisée Luminan a été plantée. Résultat : aucun problème en termes de qualité des eaux de vie. Sauf qu’il y a tout de même deux inconvénients : cette variété présente une sensibilité au black rot et elle s’avère plus précoce que l’ugni blanc. Du coup un projet intitulé VIBRACC (Variété d’Intérêt contre le black rot et adaptée au changement climatique) a été lancé cette année. « Un projet qui est sur un temps long » indique Baptiste Loiseau, maitre de chai et directeur de l’élaboration produits et des domaines Rémy Martin. VIBRACC réunit le Conservatoire du Vignoble Charentais, l’IFV, l’Inrae. Rémy Martin a injecté 100 000 € dans ce dossier.
Autre dossier enclenché : celui de l’application à la gestion et à la conservation des ressources forestières du futur. En clair, quel potentiel en termes de sourcing de chênes, sachant que la maison de cognac utilise des fûts de chêne issus des forêts du Limousin, connues pour leur qualité de bois. Sur moins d’un hectare, 800 chênes pédonculés ont été plantés il y a trois ans. En partenariat avec l’ONF.
Favoriser la biodiversité au vignoble, caractériser et préserver les sols, mettre en œuvre une viticulture de précision, la liste des projets est longue. Un partenariat a été passé avec la start-up Genesis qui permet d’établir une notation des sols cultivés par Rémy Martin et par ses partenaires viticulteurs. Au final, de gros chantiers gourmands en investissements tant humains que financiers. Alors, question : comment faire passer le message de cet engagement pour son terroir auprès des consommateurs, acheteurs de bouteilles de cognac Rémy Martin ? La réponse n’est pas aisée : « La connaissance du Cognac qu’a le consommateur reste très limitée. Il faut apporter de l’éducation » lâche Jean-Philippe Hecquet, peu disert sur les montants engagés pour tous ces chantiers.