l’heure de la clôture de la campagne du marché vrac 2021-2022 pour les vins de Provence, « les volumes de contractualisations vrac sont en progression lors de la campagne 2021-2022 par rapport à 2020-2021 et 2019-2020, en retrouvant donc des volumes similaires à la campagne 2018-2019 », situe Brice Amato, responsable du pôle économie du conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP).
Des différences sont à distinguer entre les appellations provençales, car les côtes de Provence affichent bien une hausse de 10 % des volumes contractualisés, alors que les coteaux d’Aix-en-Provence et les Coteaux Varois baissent respectivement de 9 et 13 %. Avec presque 440 000 hl contractualisés lors de cette campagne (dont 396 395 hl en millésime 2021), les volumes de Côtes de Provence rosé représentent l’essentiel de la production du bassin. « Le rosé dans son ensemble occupe 91 % des volumes produits et les côtes de Provence représentent environ trois quarts de ces rosés », situe Brice Eymard, directeur général du CIVP.
Les prix moyens du millésime 2021 des côtes de Provence rosés se sont établis à 304 €/hl sur la campagne (356 000 hl de conventionnel à 301 €/hl, et 40 000hl de bio à 345 €/hl), ceux des coteaux d’Aix-en-Provence rosés 2021 (111 000hl) à 259 €/hl (conventionnel à 25 8€/hl et bio à 267 €/hl), et les coteaux varois rosés 2021 (80 000hl) à 263 €/hl (conventionnel à 251€/hl, bio à 298€/hl). « Le prix des côtes de Provence rosés est en progression par rapport à la campagne précédente, mais on reste plus bas que lors des campagnes d’avant Covid 2019-2020 et 2018-2019. Ce n’est pas une mauvaise chose car les prix étaient alors trop hauts, dans un contexte de pénurie volumique pour les rosés de Provence », détaille Brice Eymard. Plus que la moyenne de prix, le directeur général du CIVP souligne surtout le retour à des amplitudes de prix plus larges, « qui permettent de répondre à la demande des marchés d’entrée de gamme et la grande distribution française, ce qui est un facteur expliquant l’augmentation des volumes contractualisés », souligne-t-il.
Les autres facteurs sont à chercher du côté « du développement continu des achats de raisins et moûts », note Brice Eymard, mais aussi dans l’augmentation des marchés à l’export. « La plupart des marchés internationaux sont sous-consommateurs de rosé, il y a donc une croissance continue, en particulier sur des marchés comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou le Bénélux, qui ne cessent de se développer. Notre marque forte de Provence tire largement parti de ce développement », analyse le directeur général du CIVP. La reprise soutenue du débouché de la restauration est également mise en avant par la production.
Même s’ils restent une catégorie de niche à l’échelle de la Provence (12 000 hl contractualisés sur la campagne 21-22), il est à noter que les vins blancs affichent eux aussi une nette progression au cours de cette campagne (+60 % pour les côtes de Provence blanc). « Cela correspond à une demande du marché. Il y a un volant d’adaptation au sein du bassin car l’encépagement blanc est utilisé dans la production de rosés », souligne Brice Eymard.
Brice Amato souligne néanmoins que les commercialisations « ont eu affaire à un contexte économique compliqué, mais les vins de Provence résistent bien avec des sorties de chais globalement en hausse de janvier à juillet 2022 ». La situation diffère entre les AOC en fonction de leur positionnement et de leurs marchés. Les sorties de chais de de côtes de Provence rosés affichent ainsi une progression de 5 % (665 012 hl), quand les coteaux d’Aix-en-Provence rosés sont en baisse 8 % (138 651 hl), tout comme les coteaux varois rosés en baisse de 9 % (85 637 hl).
Le CIVP souligne également que, « dans un contexte de ventes de vins tranquilles à -8% (-2% pour le rosé) à mi-juillet 2022 en grande distribution (GD), les vins de Provence rosés sont à +3 % en moyenne depuis le début d’année ». Là encore, les disparités entre appellations sont à l’avantage des côtes de Provence rosés, en hausse de 6 %, alors que les coteaux d’Aix-en-Provence et coteaux baissent de 3 %.
Cependant, Brice Amato relève que « avec la météo beaucoup plus favorable que l’année dernière, les ventes en juin et juillet sont en forte progression pour chacune des 3 AOC, entre 10 et 15 % selon les AOC ». Les expéditions ont ainsi été très dynamiques au mois de mai, +16 % en mai 2022 par rapport à mai 2021, ce qui a permis au cumul annuel de passer pour la première fois de l’année en positif, à +2 %.
Alors que la chaleur et la sécheresse ont marqué la saison culturale 2022, le directeur général du CIVP Brice Eymard se veut optimiste pour la récolte qui démarre. « Il est clair que la taille des baies sera réduite mais nous avons tout de même eu quelques pluies bienvenues, ainsi qu’une partie du vignoble qui bénéficie de l’irrigation grâce au canal de Provence, si bien que le volume de récolte devrait se situer dans des proportions standard », appuie-t-il.