a taille tardive et le débourrement intervenu 8 à 10 jours plus tard qu’en 2021 n'y ont rien fait, le vignoble de Provence présente désormais en moyenne une dizaine de jours d’avance sur le dernier millésime.
« La vigne a rattrapé son retard dès la floraison. On est partis sur une précocité proche de celle de 2020 » assure Jean Andrès, consultant pour l’Institut Coopératif du Vin (ICV), ce 7 juillet. La véraison est déjà enclenchée dans le Golfe de Saint Tropez, sur le littoral de la Londes-les-Maures. « Dans les secteurs les plus tarifs, comme autour de Brignoles, les grappes sont fermées ».
Après un début de campagne fulgurant, encore accéléré par la chaleur de mai, le manque d’eau a fini par freiner la pousse. « Depuis 3 semaines, on constate quelques arrêts de croissance sur les sols peu profonds. Il y a aussi des cas ponctuels de défoliations et de jaunissements dans les zones qui ont reçu très peu de pluie depuis avril » poursuit le consultant.


Contrairement au Languedoc et aux Côtes du Rhône septentrionales, la Provence n’a pas bénéficié de pluies abondantes fin mars. « Dans les Côtes de Provence, la dérogation d’irriguer en AOP a été accordée exceptionnellement tôt, dès la fin mai ». En moyenne, les cumuls de pluie avoisinent les 100 mm depuis avril. « C'est 30 % de moins que la moyenne décennale, alors que la demande climatique est de +22 % » alerte l’ICV.
La région n'a été vraiment arrosée que fin juin. D’abord le 24, avec des précipitations profitant à l’ouest de la Provence, au sud du Vaucluse et aux Bouches-du-Rhône. Le vignoble de Sénas a reçu 20 mm, de quoi recharger les sols jusqu’à la mi-juillet. « Puis le 28 juin. Cette fois ci c’est l’Est du Massif de la Sainte-Baume qui a été arrosé. Il est tombé 30 mm sur le littoral varois, 60 mm dans le centre du département, et même jusqu’à 120 mm sur Besse. De quoi tenir un petit moment » décrit Jean Andrès.
« Des parcelles ont reçu quelques petits grêlons le 28 juin mais la vigne a très vite cicatrisée. Et nous avons eu beaucoup de vent juste après, fermant la porte aux maladies. Ce sera sans conséquences sur le rendement » complète Julie Mazeau, de la Chambre d'agriculture du Var.
Depuis ces orages, dont certaines appellations tels Luberon ou Bandol n'ont pas bénéficié, plus une goutte. Et pas de nouvelles pluies à l'horizon. « Nous espérons que la vigne ne se bloquera pas. Pour l’instant les vignerons sont étonnés par sa bonne résistance au stress » relate Jean Andrès.
Julie Mazeau est également surprise par la bonne tenue de la vigne. « Elle reste très belle malgré la torture qu'elle subit. Nous espérons qu'elle aura la force de faire mûrir ses raisins jusqu'au bout ».
A court terme, les consultants préconisent d’ébourgeonner, « le cœur de souche consommant 20 % de l’eau de la plante pour seulement 5 % de production de carbone organique », de limiter la concurrence des adventices, la surface foliaire exposée par un rognage adapté. Ils conseillent en outre un binage superficiel pour casser les pores qui permettent l’évaporation.
A moyen terme, ils prônent une couverture des sols pour augmenter leur taux d’humus, et, à long terme, une évolution des modes de taille, de l’orientation des rangs, et une réflexion sur la densité de plantation.
« Malgré le manque d’eau, les vignerons restent confiants pour cette récolte » assure Jean Andrès.
La sortie de grappe a été belle, il y a globalement peu de coulure, peu de maladies à part quelques tâches actives de mildiou, pas plus d’oïdium qu’à l’accoutumée et de très rares cas de pourriture dans des vignobles en plaine. « Le coup de chaud de juin a fait flétrir quelques baies et brunir les pellicules exposées au soleil. S’il se met à pleuvoir, certaines pourraient exploser en grossissant » conclut le consultant pour l'ICV. Pour Julie Mazeau, 2022 devrait malgré ces petits aléas être un très bon millésime.