ean-Christophe Payan est habitué à être sollicité par les vignerons sur leur stratégie d’irrigation. « Mais normalement cela arrive bien plus tard en saison » a affirmé cet ingénieur au pôle Rhône-Méditerranée de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) à l’occasion d’un webinaire ce 9 juin.
Cette année, l’hiver et le printemps ont été particulièrement déficitaires en pluie. « Les sols se vident très vite et je n’ai jamais vu de contrainte aussi élevée à cette période de l’année. 70 % de la réserve en eau est par exemple déjà épuisée sur une parcelle que je connais bien en Ardèche. On s’apprête à traverser le désert avec une simple gourde » alerte-t-il, s’appuyant sur des bilans hydriques et mesures du potentiel de base réalisés sur une parcelle qu'il suit depuis 5 millésimes.
Pour l’heure, la vigne ne montre pas de signes de stress. Elle respire de la même façon entre 100 et 40 % des réserves du sol en eau. « Mais un point de rupture sera atteint dans plusieurs régions dès la semaine prochaine si la météo reste au beau ». Ce sera le cas dans les Côtes du Rhône méridionales.
« Dans certains vignobles comme à Cairanne on observe déjà un ralentissement de la croissance des apex. Le bas du feuillage commence aussi à jaunir dans les parcelles qui ont le plus soif » témoigne Viviane Bécart, de l’Institut rhodanien.


Depuis le mois d’octobre 200 mm de pluie ont été cumulés par la station météo d’Orange. « Habituellement nous sommes entre 300 et 500mm et nous avons en moyenne 40 % d’eau en moins dans les sols qu’en 2021 ».
Les parcelles plantées sur sol profond ont encore un petit peu de marge mais les vignes sur sol superficiel sont déjà en régulation. « La situation la plus critique concerne le sud du Gard, où il fait plus chaud et la plante transpire davantage » illustre Viviane Bécart.
Le 3 juin, le syndicat des Côtes du Rhône et celui de Châteauneuf du Pape ont obtenu l’autorisation d’irriguer auprès de l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO). Depuis 2018, l’Institut Rhodanien édite hebdomadairement un journal du stress hydrique, donnant de bons arguments aux Organismes de Défense et de Gestion (ODG) pour porter leurs demandes. « Plusieurs s’apprêtent à le faire, mais comme seulement 20 % des parcelles de la région sont irrigables, ce ne sera malheureusement pas la solution miracle ».
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