’était une fatalité en France : « on voyait [cette consommation] baisser d’année en année de manière inexorable. On avait l’impression qu’elle plongeait dans un puits sans fond » indique Jacques Bordat, le président de la Fédération des Industries du Verre, lors d’une visioconférence ce 5 juillet, parlant… de la déconsommation actuelle du vin ? Non, du repli passé de la bière ! Pour les brasseurs, « la tendance s’est totalement inversée depuis, désormais avec de fortes croissances » souligne Jacques Bordat, pour qui « on voit avec la bière que les courbes ne se prolongent pas à l’infini. Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, et inversement. »
« Le modèle de la bière est positif, il peut ouvrir des pistes de réflexion » pour la filière vin estime le président des verriers français, pointant des leviers d’innovation et d’inspiration dans la diversification des produits brassicoles (bière sans alcool, IPA, aromatisation, craft beer et microbrasseries…) comme dans leurs formats (avec des bouteilles en 25 et 33 cL pour faciliter l’essai et alimenter la curiosité). Pour mieux comprendre ce que les jeunes consommateurs (20 à 40 ans) cherchent et trouvent dans la bière, un sondage a été commandité par la Fédération des Industries du Verre à l’institut CSA.
Interrogeant en mai dernier 755 consommateurs de vins ou de bières âgés de 20 à 40 ans (54 % de femmes et 46 % d’hommes), le sondeur constate que 77 % du panel consomment à la fois de la bière et du vin, 7 % seulement du vin et 16 % seulement de la bière. De quoi valider l’idée que la bière est devenue la première boisson alcoolisée préférée des Français, comme l’indiquait une récente étude de l’agence Sowine. Directrice de clientèle pour CSA, Cécile Picouet précise que la bière se démarque surtout du vin en termes de fréquence de consommation. 56 % des consommateurs de bière en déguste une fois par semaine au moins. Quand cette proportion tombe à 41 % pour le vin, consommé plus occasionnellement. Dans le comparatif entre vin et bière, un atout commun pour les consommateurs est le goût note Cécile Picouet, qui note que pour les sondés, le vin a plus de saveur (pour tenir les accords mets et vins) et plus de convivialité (pour recevoir, partager et offrir). À l’inverse, la bière est plus facile à boire et désaltérante. Pour que le vin tire parti de ses avantages, « il faut renforcer le conseil sur les accords mets et vins et les occasions de consommation » avance l’analyste.
L’enjeu est de donner accès aux vins de manière plus simple, pour les tester et s’éduquer conclut Jacques Bordat.