ans le Beaujolais, on se réjouit du débourrement plus tardif de cette année qui, contrairement à 2021, a permis d’éviter les lourdes pertes occasionnées par le gel de printemps. « Le gel a sévi à la même date que l’an dernier, heureusement que la plupart des bourgeons étaient encore protégés », valide Rémi Vincent, responsable vignobles de la maison Jean Loron, installée sur six crus du Beaujolais.
Florence Hertaut, responsable de l’équipe viticulture de la chambre d’agriculture du Rhône, en charge du réseau Beaujolais maturation confirme que ce débourrement a été effectif autour du 12 avril, préservant ainsi le vignoble des dégâts observés en 2021. « Avec des températures moyennes proches de la normale, le 1er trimestre 2022 a été plutôt marqué par sa normalité, avant que les températures ne s’emballent au mois de mai », poursuit la conseillère de la CA 69. Quelques chardonnay précoces ont pu être touchés par ce gel, mais de manière anecdotique.
Côté précipitations, Rémi Vincent souligne que l’hiver a connu quelques pluies qui ont permis de recharger les réserves hydriques des parcelles mais Florence Hertaut nuance toutefois « qu’à fin mai, il manquait l’équivalent d’un mois et demi de pluies par rapport à une année normale, il faudra donc qu’il y ait un peu d’eau pour permettre la croissance des baies, même si nous n’avons observé aucun signe de stress hydrique au sein du réseau maturation ».
Sur le réseau de parcelles suivi par les équipes de la chambre d’agriculture rhodanienne, Florence Hertaut annonce que la température moyenne de mai a été supérieure de trois degrés à la moyenne pour ce mois. « Nous nous situons dans la 3ème année la plus précoce depuis 1992, pour une fin de floraison autour du 28 mai en moyenne sur notre réseau de parcelles en Beaujolais, c’est deux jours d’avance par rapport au millésime précoce que constituait 2020 », situe la conseillère viticulture. La certitude d’un démarrage des vendanges dès le mois d’août est dès lors acquise.


Dans le vignoble, ces chaleurs de mai ont resserré les plages d’intervention des vignerons pour les travaux en vert. « Il a fallu contracter un mois de chantier dans l’espace de 15 jours, nous venons de finir les relevages la semaine dernière », appuie-t-il, alors qu’il préfère toujours effectuer le travail d’ébourgeonnage « avant que la végétation ne pousse trop ».
Si les équipes de la chambre d’agriculture n’ont pas encore commencé à compter les grappes, la conseillère assure que la sortie est bonne, alors que le stade petits pois est atteint dans l’ensemble du vignoble. « Nous ne sommes pas loin de la fermeture de la grappe », appuie Rémi Vincent. Il note néanmoins qu’un « léger coup de froid » a marqué la fin de floraison, pouvant occasionner « quelques dégâts liés à la coulure, même si je n’en ai pas observé », poursuit-il
La pression mildiou a jusque-là été quasi inexistante. « Quelques premières tâches ont pu commencer à apparaître début juin », note Florence Hertaut. Ce que corrobore Rémi Vincent, qui conduit une parcelle expérimentale sur laquelle il teste l’UV boosting. « Nous laissons quelques rangs témoins sans traitement, sur lesquels il n’y a eu aucune attaque de mildiou », confirme-t-il.
L’oïdium peut être plus problématique si les traitements d’encadrement de la fleur n’ont pas été bien conduits, et les traitements de 2ème génération de papillons vont commencer sous peu, au regard des résultats de comptage des vols opérés par la chambre d’agriculture. Alors qu’un coup de chaud s’étale sur le vignoble national, Rémi Vincent a préféré ne pas lancer de rognages ni poudrer au soufre, « pour maintenir le feuillage autour des grappes et tâcher de limiter les effets directs de la chaleur sur les baies », remarque-t-il.
De manière non concertée, Florence Hertaut comme Rémi Vincent s’accordent sur une situation « de signaux au vert » pour un millésime 2022 qui s’annonce précoce. Le responsable des vignobles de la maison Jean Loron préfère tout de même tempérer selon la météo estivale. « Il faudra faire attention aux coups de chaleur ou évènements qui peuvent conduire à des blocages physiologiques, qui décaleront les maturités phénoliques et physiologiques, sinon, si tout mûrit de manière linéaire, nous aurons effectivement un millésime précoce », conclut Rémi Vincent.