as d’amélioration sur le front des approvisionnements en matières sèches. Les flux restent tendus à des niveaux inédits de mémoire de filière vin. Si l’on ne parle que rarement de pénuries, des délais à rallonge pèsent sur les conditionnements, avec des livraisons de capsules juste à temps ou des retards d’opération de mise faute de carton pour l’emballage, voire le report de lancements de produits par manque de références spécifiques. Tous les cas de figure existent, la logistique de l’approvisionnement devenant un nouveau métier au cœur de l’activité : et une nouvelle pression dont la filière ne manquait pas. Si aucune fourniture ne semble être épargnée, les bouteilles sont sans doute les plus touchées par l’allongement des délais. Très visibles pour les bouteilles transparentes alors que doivent être embouteillés les vins blancs et rosés du dernier millésime, les tensions d’approvisionnement commencent à se faire sentir sur d’autres teintes. Si les mises des vins de garde rouges et blancs sont moins urgentes, elles posent toujours une question de stockage, à quatre mois des vendanges, et de liquidités, les trésoreries étant en peine après une succession ininterrompue d’épreuves climatiques, sanitaires et géopolitiques.
S’il y a pénurie, il s’agit de références que les opérateurs de la filière vin n’ont plus en stock : la perspective de rupture d’approvisionnement est d’autant plus rageante que les vins sont en cuve et que les commandes sont là. La filière des vins français se retrouve à craindre de perdre des parts de marchés faute de contenants, alors qu’elle a dû lutter pied à pied pour produire des millésimes 2020 et 2021 malgré les vents contraires du covid et des aléas climatiques historiques (gel, mildiou, sécheresse…).
À l’angoisse répond la colère. D’autant plus que même avec un contrat d’achat ferme pour des palettes de bouteilles, il n’y a plus aucune certitude de livraison. La seule assurance reste la hausse des prix grignotant les marges et le moral. Le sentiment d’impuissance qui en résulte cède souvent la place au ressentiment, mais peut aussi être source d’inventivité. Si la généralisation de la canette paraît encore loin pour emballer les vins, des initiatives innovantes peuvent inspirer les opérateurs : de la bouteille plate en plastique au réemploi, sans oublier les BIB ou le vin en vrac. Une crise peut être l’occasion de se réinventer, le problème étant actuellement d’avoir moins le temps pour des réflexions qui se posent que pour des questions qui s’imposent. Surtout quand le vin ne prend pas de la bouteille…