nnée d’élections présidentielles et législatives oblige, le dernier Salon International de l’Agriculture (samedi 26 février au dimanche 4 mars) était encore plus placé que d’habitude sous le signe des rencontres politiques. Sans être dupe sur les promesses faites en campagne, le président des Vignerons Indépendants de France, Jean-Marie Fabre, note « plus de modération et moins de dogmatisme » dans l’approche environnementale de la production viticole.
« On voit avec le conflit en Ukraine, et la mise en exergue des interdépendances mondiales, que ceux idéalisant une production sans le moindre intrant et impact environnemental se préparent à des déconvenues (comme la politique européenne de la ferme à la fourchette, qui part de bonnes intentions mais peut devenir destructrice) » note Jean-Marie Fabre, rencontré ce vendredi 11 mars sur le salon des Vignerons Indépendants de Bordeaux. Le président des caves particulières françaises souligne qu’« il est plus efficace et utile d’encourager une solution de transition sans avoir une seule vision utopique. Ce qui fonctionne quand c’est vu depuis le périphérique parisien ne marche pas forcément au-delà. Cette prise de conscience est salutaire. »


S’appuyant sur une campagne nationale d’interpellation (« qui mettra les vins d’artisan au programme ? ») et un livre blanc de propositions (avec 32 mesures, dont l’une est déjà validée : le maintien de l’exonération du dispositif TO/DE, Travail Occasionnel / Demandeur d’Emploi), le stand des Vignerons Indépendants de France a reçu six candidats (Anne Hidalgo, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Fabien Roussel et Éric Zemmour), ainsi que des représentants de la majorité (ministres et parlementaires). L’occasion d’interpeller le personnel politique sur la nécessité de soutenir la filière vin face aux assauts hygiénistes cherchant à dénormaliser sa consommation. Après les péripéties du rapport européen contre le cancer (BECA), Jean-Marie Fabre appelle « les politiques à avoir le courage de ne plus se trouver le cul entre deux chaises : soutenez un secteur économique fort, sans lâcher sur les préconisations de modération et de prévention des consommations excessives. Il faut encourager le secteur du vin comme celui de l’automobile : en développant la prévention pour éviter les excès. »
Autre sujet martelé lors de ces rencontres, la demande de création d’un fonds de solidarité européen pour protéger les filières agricoles des mesures de rétorsion prises dans des conflits commerciaux leur étant extérieurs. « Il est nécessaire de protéger la compétitivité de notre filière en la sécurisant » indique Jean-Marie Fabre.


Si le premier semestre d’une année électorale est forcément marqué par l’attente des résultats (dimanche 24 avril pour la présidentielle et dimanche 19 juin pour les législatives), la mobilisation de la filière sera forte dès leur annonce. Avec les élus, « on parlera d’assurance récolte dès juin. C’est notre priorité du début de l’été. Dès que les personnes seront en place, il faudra avancer rapidement pour appliquer le nouveau système » indique Cédric Coubris, le président de la Fédération de Gironde, qui prévient : « sur la moyenne olympique, on ne va rien lâcher. Il faut la modifier. »